Dossier éoliennes

Non aux éoliennes privées
en milieu habité et agricole

Colère citoyenne et mobilisation

Les  comités citoyens se multiplient au Centre du Québec, en Mauricie et en Estrie, pour lutter contre l’invasion de leur territoire par des projets éoliens, De plus, un nouveau regroupement nommé Vents d’élus rassemble à ce jour 42 élus et ex-élus de 15 MRC (les chiffres augmentent rapidement) qui se préoccupent de l’implantation d’éoliennes géantes en territoire agricole et habité, et plus largement du déni de démocratie entourant la transition énergétique. 

Privatisation ouverte et déguisée

Le gouvernement de François Legault privilégie le développement privé de la filière éolienne. Même si le président d’Hydro-Québec, M. Michael Sabia a annoncé que la société d’État serait le «Maître d’oeuvre» du développement des grands projets éoliens, dans les faits, la nouvelle loi 69 ouvre la voie à la participation privée par le biais de l’actionnariat. C’est cette même stratégie d’ouverture à l’actionnariat privé, utilisée notamment en France pour privatiser le secteur pétrolier, qui a permis à des multinationales de s’accaparer les ressources énergétiques partout sur la planète. Et le recours au privé pour les projets d’éoliennes de plus petite échelle, jusqu’à 350 MW continuerait d’être la norme.

Désinformation

Le développement privé du secteur éolien s'appuie sur des fausses allégations. Par exemple le manque d'expertise d'Hydro-Québec ou le manque de capacités financières d’’Hydro-Québec. Ces fausses allégations ont été démenties par des experts. Comme le souligne Martine Ouellette dans une interview éclairante,Hydro-Québec demeure une entreprise crédible pour le développement de l’énergie éolienne. L’ingénierie des turbines éoliennes et celle des turbines hydroélectriques partagent la science de la mécanique des fluides que les ingénieurs d’Hydro Québec maîtrisent parfaitement. D’autre part, Robert Laplante, directeur de l’IRÉC rappelle qu’Hydro Québec a une cote de crédit «bétonnée» et que l’entreprise n’aurait aucune difficulté à financer ses projets de construction d’infrastructures éoliennes.

Impacts sur la mission d’Hydro Québec et le développement de la société

Avec la privatisation, c'est l’industrie qui définit la demande énergétique et son évolution ainsi que les critères d’implantation des infrastructures énergétiques, non pas dans une perspective de structuration de l’industrie mais selon sa recherche de rentabilité. Au lieu de développer le plus haut potentiel éolien du Québec, on développe celui qui intéresse les investisseurs. Les gisements éoliens les plus importants au Québec sont situés le long des grands réservoirs hydroélectriques, en bordure de la Baie James et de la Baie d’Ungava. Mais les promoteurs veulent construire les éoliennes en Gaspésie, dans le Bas du fleuve et dans la vallée du St-Laurent parce que c’est moins cher.

Comme le souligne Robert Laplante, la privatisation de la rente énergétique des énergies renouvelables ne sert ni l’intérêt public ni l’intérêt national. Les fournisseurs privés d’énergie éolienne visent à s’insérer dans un marché pas dans le développement du Québec.

Enjeu de raccordement au réseau d’Hydro Québec

Plus le privé développe d’éoliennes, plus la pression s’accentue sur le réseau d’Hydro-Québec. Selon le pdg d’Hydro-Québec, Michael Sabia, il faudra construire 5000 km de nouvelles lignes de transport d’énergie, en plus des éléments de raccordement. Toutes ces structures seront au frais de l’organisme public. Un étau se met en place qui va asphyxier Hydro Québec. C’est une logique de socialisation des coûts et de privatisation des profits. Il s’agit d’un modèle d’affaire bancal qui exporte les profits chez les actionnaires. 

Développement régional et communautés 

Ce qui est retourné aux communautés en redevances pour la rente éolienne est très peu en comparaison des profits encaissés par les compagnies privées. Selon les ententes historiques avec Hydro-Québec, les municipalités ne peuvent prélever de taxes foncières sur les infrastructures énergétiques. On subventionne les compagnies.

Selon une étude de l'Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) les clients d’Hydro-Québec ont déjà payé plus de 6,09 milliards de dollars en raison de la privatisation de la rente éolienne.

Impacts sur la santé

Les citoyens et citoyennes vivant à proximité d’éoliennes géantes en France rapportent plusieurs nuisances pour la santé  humaine et celle des animaux. Voir la conférence de Dre Mariana Ales-Pereira sur les constats menés en Europe et ailleurs dans le monde. Chez nous, L’institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a fait une mise à jour des impacts des éoliennes sur la santé de la population.  Les facteurs les plus dérangeants identifiés sont le bruit, l’impact visuel, les ombres mouvantes et les lumières clignotantes qui sont associées à la perte de qualité de vie due à la transformation du  territoire naturel vers ce qui se rapproche d’un milieu plus urbanisé. Le manque d’acceptabilité sociale des projets est identifié comme une source de stress, d’anxiété et de dépression. «La transformation du paysage et la perte potentielle d’un mode de vie peuvent aussi occasionner de la tristesse et de l’anxiété.»

L’INSPQ mentionne les risques de contamination des eaux souterraines qui devraient faire l’objet de plus d'études.  Les problèmes liés à l’exposition de champs électromagnétiques ne sont pas jugés préoccupants et les effets des infrasons ne sont pas abordés spécifiquement. Toutefois, le conseiller scientifique de l’INSPQ Mathieu Gauthier reconnaît que « les basses fréquences sont une des caractéristiques qui va occasionner plus de dérangements. En général, ça se transmet mieux, ça pénètre mieux dans les bâtiments. Alors pour une source industrielle, une source qui aurait les mêmes caractéristiques, un bruit de basse fréquence va déranger plus qu’un bruit de haute fréquence»

Pour aller plus loin

Conférence de Martine Ouellette, ingénieure mécanique de formation, ex ministre des Ressources naturelles, députée et cheffe du Bloc québécois. Martine Ouellette a aussi travaillé à Hydro-Québec pendant près de vingt ans, surtout auprès des grands consommateurs et clients industriels. Martine Ouellet est cheffe de Climat Québec. Éolien, Surplus/Pénurie, privatisation… Que se passe-t-il?

Conférence de Charles Félix Ross, directeur général de l’UPA : Éoliennes en milieu agricole : le jeu en vaut-il la chandelle?

Conférence de Robert Laplante, directeur général de l’IRÉC (Centre de recherche en économie contemporaine) et de Noël Fagoaga, chercheur à l’IRÉC : À qui profite la privatisation de la filière éolienne?