COMMUNIQUÉ - Aucun des 261 millions $ versés au Québec pour lutter contre le réchauffement climatique ne doit servir à financer le gaz naturel

Montréal, Québec, 19 décembre 2017 -  Tout en se réjouissant que le gouvernement du Canada verse 261,2 M$ sur cinq ans au Québec pour soutenir la lutte au réchauffement climatique, Greenpeace Canada, le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ) et Nature Québec craignent qu'une portion substantielle de cette somme serve à soutenir le développement du gaz naturel, un puissant contributeur au changement climatique.  Le gouvernement du Québec a en effet décidé d'affecter plus de 50 % du montant reçu d'Ottawa au programme ÉcoPerformance - volet Industrie et bâtiments du Fonds vert, qui subventionne entre autres la conversion d'équipements d'entreprises au gaz naturel. Les groupes reprochent aussi au programme ÉcoPerformance de financer les réductions d’émissions des grands pollueurs alors qu’ils devraient assumer eux-mêmes ces coûts via la réglementation ou le marché du carbone.« Au  mieux, le gaz naturel procure des gains tellement marginaux qu’y engloutir nos marges de manœuvre est un véritable gaspillage au détriment des solutions qui pourraient faire une différence; au pire, quand il s’agit du gaz de schiste qui occupe une place croissante dans ce marché, la contribution du gaz naturel au réchauffement climatique est plus élevée que celle du diésel [1] », rappelle Carole Dupuis, coordonnatrice générale du RVHQ.« Le choix de subventionner une énergie fossile non renouvelable comme le gaz naturel à même une enveloppe de lutte aux changements climatiques est une aberration. Le gaz naturel doit être exclu de la Politique énergétique, du Plan d’action de lutte contre les changements climatiques et de tout autre programme de financement gouvernemental », ajoute pour sa part Christian Simard de Nature Québec.Le gouvernement Couillard a déjà commencé à utiliser les fonds publics pour donner une place de choix au gaz naturel dans le portefeuille énergétique futur du Québec, alors qu'il s'agit d'un combustible fossile du passé. Par exemple, en 2017, Québec a utilisé le Fonds vert pour subventionner le prolongement du réseau de Gaz Métro [2] en Beauce, à Portneuf et dans la MRC des Appalaches – ajoutant du même coup les entreprises de ces régions à celles que le gouvernement encourageait déjà, partout au Québec, à utiliser le gaz naturel. À cette occasion, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles a d’ailleurs pris soin de souligner que les entreprises souhaitant convertir leur machinerie ou leur chaudière au gaz naturel ont droit à des subventions du programme ÉcoPerformance.« Alors que 15 000 scientifiques viennent de lancer un cri d'alarme sur l’état de la planète, nous n'avons plus le luxe de dilapider les fonds réservés pour la lutte climatique, avance Patrick Bonin de Greenpeace. Les citoyens se font flouer quand l’argent public sert à financer le recours aux combustibles fossiles. De plus, l’argent des contribuables ne devrait pas servir à réduire les émissions des pollueurs, sinon on est en présence de pollueurs-payés plutôt que de pollueurs-payeurs. Les entreprises devraient payer pour leur pollution ».  Le principe de pollueurs-payeurs est l'un des principes fondateurs de la Loi québécoise sur le développement durable.À ce sujet, les groupes rappellent que les grands industriels du Québec qui émettent plus de 25 000 tonnes de GES par année profitent déjà d’un passe-droit. En effet, les règles de fonctionnement du système de plafonnement et d’échange d’émissions du Québec (marché du carbone) ont fait en sorte que les grands émetteurs du Québec ont reçu davantage de droits de polluer qu’ils n’ont émis de gaz à effet de serre pour les années 2013 à 2016 et ils risquent d’obtenir d’autres avantages au-delà de 2020.
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RenseignementsPatrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada, 514 594-1221Carole Dupuis, coordonnatrice générale et porte-parole, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec, 438 884-8200

Christian Simard, directeur général, Nature Québec, 418 928-1150

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[1]  Le mythe du gaz naturel énergie de transition déboulonné[2]  Maintenant Énergir

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