COMMUNIQUÉ - Le sauvetage de l’île d’Anticosti ne doit pas servir à financer le saccage de la Gaspésie
Montréal, le 6 juillet 2017 – Le sauvetage de l’île d’Anticosti ne doit pas servir à financer le saccage de la Gaspésie, ont unanimement affirmé 27 groupes citoyens et environnementaux lors d’une conférence de presse tenue à Montréal aujourd’hui. À cette fin, les groupes exigent que les négociations en cours entre le gouvernement Couillard et Pétrolia, au sujet de l’annulation des projets d’exploration pétrolière et gazière sur l’île d’Anticosti, se fassent en toute transparence et ne mènent pas à des subventions déguisées aux projets de la compagnie en Gaspésie.D’une seule voix, les groupes ont demandé que l'entente ayant mené à la création d'Hydrocarbures Anticosti soit rendue publique, comme Pétrolia elle-même l’avait d’ailleurs proposé en juin 2016[1], et que la population du Québec puisse ainsi avoir l’assurance qu’aucune indemnité superflue ne sera versée à la compagnie. Selon eux, il serait inadmissible que les contribuables québécois versent un seul dollar de trop à Pétrolia, d’autant plus que cette compagnie junior lourdement subventionnée par le Québec est en voie de passer aux mains de la pétrolière albertaine Pieridae Energy Limited et a admis envisager des opérations de fracturation hydraulique pour ses deux projets les plus avancés en Gaspésie. L’un de ces projets, Haldimand, se trouve à quelques centaines de mètres d’un quartier résidentiel de Gaspé. L’autre se situe à proximité de Murdochville, dans des sous-bassins des légendaires rivières à saumons Darthmouth et York.Rappelons que Pétrolia et Corridor Resources ont mentionné un montant de 200 millions de dollars comme base de négociation et que le ministre des Finances du Québec a alors indiqué disposer de « montants considérables » pour indemniser les partenaires[2]. Ces propos témoignent d’une complaisance inquiétante de la part du gouvernement, selon les groupes, car tout porte à croire que le pétrole d’Anticosti coûterait plus cher à extraire que ce qu’il rapporterait, même à des prix beaucoup plus élevés que ceux qui ont cours présentement. Les groupes soulignent aussi la vive opposition des Innus et du maire de l'Île-d'Anticosti, qui ont clairement indiqué leur intention de barrer le passage à Pétrolia.Les signataires du communiqué s’opposent catégoriquement à tout projet d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures au Québec. Ils pressent le gouvernement du Québec d’imiter le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’État de New York, le Vermont, le Maryland, les Pays-Bas, l’Allemagne et la France, entre autres, qui ont interdit la fracturation hydraulique ou imposé un moratoire illimité sur l’utilisation de cette technique. Ils citent aussi en exemple l’Irlande, dont le président doit signer d’ici quelques jours une loi interdisant la fracturation hydraulique.Les groupes estiment qu’au lieu d’encourager la dévastation des paysages, des nappes phréatiques et des rivières de l’Est du Québec, le gouvernement devrait s’employer à relancer l’économie de l’île d’Anticosti et de la Gaspésie sur une base durable, en investissant dans la préservation de leur beauté naturelle et dans des secteurs économiques pérennes correspondant à leurs avantages distinctifs. D’ailleurs, le secteur pétrolier et gazier crée moins de deux emplois par million de dollars investis, alors que les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique en créent quinze[3].La conférence de presse s’est déroulée en présence de Martine Ouellet, cheffe du Bloc Québécois et députée à l’Assemblée nationale, ministre des Ressources naturelles de 2012 à 2014; et Manon Massé, co-porte-parole de Québec Solidaire, qui vient de déposer le projet de loi 990 visant à interdire la fracturation hydraulique.CITATIONSPascal Bergeron, Environnement Vert Plus, Baie-des-Chaleurs« Qu’il s’agisse de Pétrolia à Haldimand et à Bourque, ou de Junex à Galt, les compagnies devront fracturer pour arriver à un rendement commercial. La Gaspésie est un joyau au même titre qu’Anticosti, ses rivières méritent la même protection. Nous ne voulons pas d’exploitation pétrolière ici. »Lise Chartrand, Ensemble pour l’avenir durable du Grand Gaspé « Pour nous qui vivons à côté du forage Haldimand, nos vies sont déjà saccagées. Notre santé est déjà menacée par des gaz toxiques et le sera davantage par les produits chimiques de la fracturation hydraulique envisagée. Nos propriétés ne nous appartiennent plus, maintenant que Pétrolia peut nous exproprier si nous lui en refusons l'accès. »Patrick Bonin, Greenpeace« Au lieu de donner des millions à des pétrolières et des gazières, le gouvernement devrait investir dans les solutions pour nous libérer du pétrole et du gaz et diversifier l’économie d’Anticosti et de la Gaspésie. Aucun nouveau gisement d’hydrocarbures ne doit être exploité si l’on veut respecter l’Accord de Paris et atteindre nos cibles de réduction des gaz à effet de serre. »Carole Dupuis, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ)« Les Québécois.es ont déjà investi des millions de dollars à fonds perdus dans Hydrocarbures Anticosti. Fourniront-ils aussi les fonds dont Pieridae se servira pour faire main basse sur les ressources de notre sous-sol et fracturer d’autres régions du Québec contre la volonté de la population? »Marc Durand, docteur ingénieur en géologie appliquée « Il n’y a aucune raison de rembourser à Pétrolia et Corridor une facture qu’elles n’ont pas eu à assumer ni de les dédommager pour des permis qui ne valent pas un sou puisque le pseudo-gisement d’Anticosti est à des lieues d’une hypothétique rentabilité. »Manon Massé, co-porte-parole de Québec Solidaire « Les libéraux pensent se blanchir les mains en compensant outrageusement Pétrolia. Or, les Québécois.es ont déjà payé beaucoup trop cher pour cette lubie pétrolière qui était vouée au désastre écologique et économique depuis le début! »Karel Mayrand, Fondation David Suzuki« Lors d’une visite récente, David Suzuki a donné son appui aux citoyens qui luttent contre le développement pétrolier en Gaspésie et à Anticosti. La poursuite de l’exploration pétrolière va à l’encontre de l’Accord de Paris. Il est inconcevable que de telles activités continuent d’être financées à même les fonds publics, que ce soit par des subventions ou des compensations. »Martine Ouellet, cheffe du Bloc Québécois « Il est important de rappeler que le contrat n’a d’aucune espèce de façon autorisé des forages ou des fracturations ou quelconque exploitation. On le sait maintenant, il n’y a aucune rentabilité possible du projet avec des coûts estimés à 190 $/baril. Il n’y a donc plus aucun intérêt pour aucun partenaire à poursuivre le projet, que ce soit le gouvernement ou Pétrolia. Clairement, le gouvernement n’a pas à compenser Pétrolia pour un projet non rentable ou des permis qui n’ont plus de valeur. Dans ce cadre, une compensation deviendrait un cadeau des libéraux aux pétrolières qui n’a rien à voir avec le contrat. »John Pineault, maire de l'Île-d'Anticosti « On n'a pas quitté l'âge de pierre parce qu’on a manqué de pierres. Le temps est venu, pour le Québec, de prendre un véritable virage vert et de faire de la protection de l'eau potable sa plus haute priorité. »Nastassia Williams, Tache d’huile« Comme l’a déjà dit le maire d’Anticosti, les projets d’exploration ont bloqué le développement de l’île pendant plusieurs années. Il ne serait que juste que le gouvernement du Québec donne un bon coup de pouce pour relancer l’économie de l’île sur une base durable. »Alice-Anne Simard, Eau Secours« Il faut que l'entente entre le gouvernement et Pétrolia soit rendue publique pour que nous puissions savoir s’il faut véritablement dédommager Pétrolia. La pétrolière est même prête à le faire! Pourquoi le gouvernement Couillard ne veut-il pas rendre public ce contrat? Qu’a-t-il à cacher aux Québécois.es? »GROUPES CITOYENS ET ENVIRONNEMENTAUX SIGNATAIRESAction environnement Basses-LaurentidesAlerte pétrole rive-sudAlternativesCitoyens au Courant - Vaudreuil-SoulangesComité des Citoyens et Citoyennes pour la Protection de l’Environnement MaskoutainComité vigilance hydrocarbures de la MRC de LotbinièreComité vigilance hydrocarbures de Saint-BonaventureEau Secours! la Coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eauEnsemble pour l’avenir durable du Grand GaspéEnvironnement Vert PlusFondation David SuzukiGreenpeace CanadaJustice Climatique MontréalMobilisation Environnement Ahuntsic-CartiervilleMouvement Tache d’huileNON à une marée noire dans le Saint-LaurentPétroliques AnonymesProspérité sans Pétrole - RimouskiRegroupement citoyen contre les bitumineux et pour le développement durableRegroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ)Réseau québécois des groupes écologistesSaint-Antoine-de-Tilly - Milieu de vieSOS TerritoiresStop oléoduc Capitale-NationaleStop oléoduc Montmagny-L’IsletStop oléoduc OutaouaisStop oléoduc Portneuf Saint-Augustin[1] Radio-Canada, 9 juin 2016, Anticosti : Pétrolia prête à rendre publique l'entente avec Québec, http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/786522/anticosti-petrolia-entente-quebec-exploration-petrolia[2] Le Devoir, 6 avril 2017, Pétrolia réclame 200 millions pour renoncer à Anticosti http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/495720/anticosti-petrolia-reclame-200-millions; Radio-Canada, 6 avril 2017, Anticosti : Leitao dispose de « montants considérables » pour dédommager Pétrolia , http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1026615/leitao-anticosti-petrolia-forage-negociation-compensation-avocat[3] Bluegreen Canada, En avoir plus pour notre argent, http://bluegreencanada.ca/en-avoir-plus-pour-notre-argent