Il vente, Monsieur Ryan!

Mme Denise Campillo, de Roxton-Falls, écrit au nouveau lobbyiste de TransCanada pour le mettre devant ses responsabilités face aux changements climatiques.Il vente, Monsieur Ryan! Lettre ouverte à un lobbyiste de TransCanadaAvez-vous bien dormi cette nuit, Monsieur Patrice Ryan? Étiez-vous dans votre sous-sol, avec des bouchons dans les oreilles, pour ne pas entendre la clameur du vent? Je vous informe que j’ai très mal dormi, dans ma maison qui ouvre sur la belle campagne québécoise, exposée au vent, secouée par les rafales à 70 km/h. Je pensais à l’avenir, à ce qui nous attend si le climat continue à se détériorer, et surtout à ce qui attend mes petits-enfants.Je pensais à vous, jeune encore et brillant, fils d’un homme intègre, époux et père de famille, qui venez d’accepter un poste de lobbyiste auprès du gouvernement du Québec pour défendre le projet Énergie Est de TransCanada. Vivons-nous, vous et moi, dans deux mondes différents? N’avez-vous jamais entendu parler de gaz à effet de serre et de changements climatiques? Ou bien faites-vous partie des climatosceptiques ou des dénialistes?Vous allez démontrer qu’un oléoduc à la fine pointe de la technologie est un moyen plus sécuritaire que de vieux wagons cahotant sur des voies mal entretenues pour transporter du pétrole d’un point A à un point B. Et vous avez raison. Le problème, c’est ce qui se trouve en amont du point A, en aval du point B, et le but de tout l’exercice.En amont du point A, il y a les sables bitumineux de l’Alberta, la forme la plus polluante d’exploitation des hydrocarbures. En aval du point B, il y a des ports pétroliers, des navires citernes, encore des oléoducs et des trains, et des véhicules. Le but de tout l’exercice : trouver un débouché pour le pétrole albertain en vue de permettre aux grandes compagnies pétrolières d’accroître leur production, maintenant que les voies du sud et de l’ouest semblent bloquées. Et cela même si le prix du baril est en chute libre, même si toutes les instances financières internationales regardent vers les énergies renouvelables.Tout cela dans le contexte des prises de positions fermes de la COP21 sur la nécessité de lutter contre le réchauffement de la planète, faute de quoi le désastre écologique, humain et économique nous attend. Vous savez bien que la principale source de gaz à effet de serre est l’exploitation des hydrocarbures. Que la seule solution réside dans la réduction de l’offre et de la demande, et bien sûr dans la recherche d’une transition énergétique rapide.Pourquoi alors participer au baroud d’honneur de ces dinosaures que sont les pétrolières? Pour l’argent? Il n’y a pas que l’argent dans la vie, Monsieur Ryan. Il y a la conscience morale, l’honnêteté intellectuelle, la responsabilité à l’égard de l’humanité en général et de vos enfants en particulier. Choisissez mieux vos combats. Il ne vente pas assez fort pour votre goût, Monsieur Ryan?Denise CampilloRoxton FallsLe 11 janvier 2016

Denise Campillo

Artiste-peintre de renom établie à Roxton-Falls, en Montérégie, Denise Campillo contribue de multiples façons à la lutte aux changements climatiques, notamment par son engagement à titre d’adhérente au RVHQ.

Née en Algérie en 1949, Denise Campillo a grandi et étudié en France, puis a immigré au Canada en 1974. Elle vit depuis 1980 au Québec, où elle a pris racine.

Issue d’un milieu modeste mais valorisant l’étude, les sciences et les arts, sa famille l’a poussée vers l’université où elle a obtenu des diplômes en langue et littérature anglaises, en enseignement, en traduction. Elle a enseigné à divers niveaux et fait carrière en traduction scientifique.

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