La politique du réchauffement climatique
Il s'en est passé des choses depuis le 31 mars 2015. D'abord, TransCanada a annoncé qu'elle reportait encore sa décision d'implanter un port pétrolier à Cacouna [1], terminal de son pipeline Énergie Est. Comme on le sait déjà, ce projet a été bloqué à maintes reprises. La pression citoyenne et celle d'organisations environnementales ont démontré l’inacceptabilité du projet situé en plein cœur de la pouponnière des bélugas, espèce menacée et fleuron de l'industrie touristique maritime québécoise. Le 2 avril, TransCanada annonçait qu’elle abandonnait son projet [2], mais qu’elle n’abandonnait pas un site sur le Saint-Laurent [3].Ensuite, nos voisins du Sud n'ont pas apprécié les dernières tempêtes de neige aux États-Unis, ni les inondations dans le métro de New York, ni la sécheresse en Californie, et encore moins les derniers ouragans. Ils ont donc annoncé qu'ils prenaient leur responsabilité avec l'intention de diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 26% à 28% [4] d'ici 2025 [5]. Ce faisant, ils rejoignent le Mexique, la Norvège, la Suisse et l'Union européenne [6] en déposant leurs engagements pour la COP21 qui aura lieu à Paris en décembre [7].Notre ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel [8] – celui-là même qui appuie avec grande cohérence économique notre ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand [9], dans le développement des combustibles fossiles au Québec [10] – vient de s’activer en déclarant «Il faut qu’Ottawa reconnaisse l’importance d’agir et l’urgence d’agir» [11].Pendant ce temps, à Ottawa, fidèle à ses croyances religieuses [12], le premier ministre Harper a annoncé qu'il ne divulguera pas cette semaine ses cibles de réduction de GES pour le Canada [13]. La raison est simple: il croule de honte sous des chiffres effarants qu'il refuse consciencieusement à rendre publics. Comble de l’incohérence, le ministre des Ressources naturelles du Canada, Greg Rickford, a fait une déclaration au Calgary Petroleum Club, insistant sur le plan de développement responsable des ressources énergétiques du pays [14].Selon un rapport de recherche en préparation dont la source est encore confidentielle, les émissions de GES relatives à la combustion, uniquement, des produits raffinés issus des sables bitumineux seraient de l'ordre de 425 kg par baril de pétrole brut. Ce chiffre est d'ailleurs facile à corroborer avec de nombreuses sources publiques sur Internet [15].En excluant les émissions d'exploitation, du transport et du raffinage, on peut calculer que le pipeline Énergie Est, lequel injecterait 1,1 million de barils par jour sur les marchés, rendrait le Canada et le Québec responsables de l'émission de 467 500 tonnes de GES par jour! Cela représente 170 millions de tonnes par année (Mt).En 2012, le Canada a émis 699 Mt de GES [16]. Seulement pour Énergie Est, le Canada accroîtrait ses émissions de plus de 24%! Et si c’était le Québec qui en assumait la responsabilité, ses émissions de 80 Mt [17] de GES augmenteraient de 213%!
Le gouvernement Harper maintient son intention d'accroître la production de pétrole jusqu'à 4,8 millions de barils par jour d'ici 2030! Et le gouvernement du Québec a renouvelé ses engagements d'exploiter le mystérieux pétrole invisible du Québec...Par quel tour de magie vont-ils réussir à diminuer nos émissions de 40% d’ici 2030?Décidément, nous sommes privilégiés d'avoir des politiciens aussi imaginatifs et écoresponsables...Stéphane Brousseau – 7 avril 2015Directeur de rechercheB.Sc. GéologieAnalyste et architecte en technologies de l’information et des communications Chercheur en architecture sociale durableIRASD – Institut de recherche en architecture sociale durable https://irasd.wordpress.com/IRASD.SSARI@gmail.comhttp://enjeuxenergies.wordpress.com/ Enjeux.Energies@gmail.com[1] http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/435935/transcanada-repousse-sa-decision-sur-cacouna[2] http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/436225/transcanada-pas-de-terminal-a-cacouna-mais-d-autres-options-sont-a-l-etude[3] http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/transports/201504/02/01-4857754-port-petrolier-transcanada-vise-un-autre-site-sur-le-saint-laurent.php[4] http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/436006/climat-washington-s-engage-sur-une-baisse-de-26-a-28-de-ses-emissions[5] http://www.lapresse.ca/environnement/pollution/201503/31/01-4857053-washington-sengage-a-reduire-ses-emissions-de-ges-dici-2025.php[6] https://enjeuxenergies.wordpress.com/2015/03/31/u-s-makes-historic-climate-pledge-ahead-of-paris-talks-joins-eu-mexico-norway-and-switzerland/[7] http://www.cop21.gouv.fr/fr[8] http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/ministre/inter.htm[9] http://www.mern.gouv.qc.ca/ministre/index.jsp[10] https://irasd.wordpress.com/2014/09/16/le-gouvernement-du-quebec-mendiant-economique-du-petrole/[11] http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/436018/heurtel-presse-ottawa-d-agir-contre-les-changements-climatiques[12] https://ccuucc.wordpress.com/2014/08/30/la-corruption-religieuse-du-gouvernement-conservateur-harper-le-rend-impropre-a-gouverner/[13] http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/435983/ottawa-ne-divulguera-pas-cette-semaine-ses-cibles-de-reduction-de-ges[14] http://www.newswire.ca/en/story/1512377/avis-aux-medias-le-ministre-rickford-met-en-lumiere-le-plan-de-developpement-responsable-des-ressources-du-canada[15] http://www.nrcan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/files/energy/pdf/eneene/pubpub/pdf/OS-brochure-fra.pdf[16] http://ec.gc.ca/ges-ghg/default.asp?lang=Fr&n=E0533893-1&offset=4&toc=show#toc42[17] http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/changements/ges/2011/Inventaire_1990-2011.pdf