Les boudeurs
M. Gérard Montpetit constate que certains leaders boudent la réalité des changements climatiques. M Trudeau doit choisir; soit aller de l'avant dans la lutte aux changements climatiques, soit fléchir aux bouderies de M. Kenney en gaspillant les deniers publics.
Les boudeurs
Le cauchemar de tout parent, c'est de voir son enfant de trois ans faire une grosse crise en public. Pour nos voisins du sud, l'assaut meurtrier sur le Capitol du 6 janvier a été l'évènement traumatique final que les bouderies du « bébé la la Donald » leur a infligé parce que cet « enfant-roi » refusait de reconnaître les résultats des élections du 3 novembre. Sa mauvaise humeur et sa « mine renfrognée, maussade » sont légendaires.[1]Selon les « décrypteurs » [2] de médias sérieux, son manque de contact avec la réalité l'a amené à raconter, en moyenne, une vingtaine de « vérités alternatives » (de mensonges) par jour. Au printemps 2020, il prophétisait que le coronavirus allait « s'en aller tout seul! »; seule sa marraine, la fée des étoiles, pouvait lui permettre de faire une telle affirmation. Mais la baguette magique de la bonne fée n'a pas empêché plus de 450 000 américains d'en mourir. Vivre dans un monde parallèle à la réalité climatique l'a amené à quitter l'Accord de Paris [3] et à sabrer les mesures favorables à l'environnement. Le journal The Guardian énumère 75 mesures adoptées par Trump pour nuire à un environnement sain.[4]Le 20 janvier, l'inauguration présidentielle de M Biden a permis de quitter le monde imaginaire malsain de son prédécesseur. Parmi ses premiers gestes officiels, le nouveau Président a décrété la réintégration de l’Accord de Paris et révoqué le permis de l'oléoduc Keystone XL vers le sud des États-Unis. Ces deux gestes ont des répercussions sur la politique canadienne. Pour M. Kenney, premier ministre de l'Alberta, cette annulation de Keystone est un coup bas sous la ceinture.[5] Pour sa part, M. Trudeau regrette cette décision tout en appuyant du bout des lèvres les principes de l'Accord de Paris. Selon lui, le Canada serait devenu « un leader mondial de la lutte aux changements climatique et s’apprête à transformer notre économie de façon positive pour réduire nos émissions de gaz carbonique». [6] On ne peut oublier que l'objectif de la construction de tous les pipelines, c'est de permettre la production et la vente de plus de pétrole. Alors comment la construction de Keystone XL et de TransMountain peut-elle nous aider à réduire nos GES comme l'exige l'Accord de Paris? Comment l’accroissement de la production de pétrole peut-elle être une réponse appropriée aux exhortations des experts du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) qui affirment que 80 % des réserves d'énergies fossiles doivent demeurer dans le sol si on veut éviter les effets catastrophiques d'un climat hors contrôle?Pour sa part, M. Kenney ne décolère pas. En plus de son « war room » qui a pour objectif de vilipender tous ceux qui s'opposent aux sables bitumineux, il a investi 1,5 milliard de dollars dans Keystone XL en faisant le pari que Trump serait réélu. Il a ignoré la réalité des émissions de gaz carbonique des sables bitumineux; selon l'analyse de Rystad Energy, ceux-ci produiraient 73kg de Co2 par baril alors que d'autres sources de pétrole n’en produiraient qu’entre 12 et 19 kg/baril. De plus il a ignoré le scénario de la diminution prochaine de la demande pour le pétrole par suite de la lutte mondiale aux changements climatiques. Selon Andrew Nikiforuk du journal The Tyee, il « n'a démontré aucun respect pour la réalité...Il a violé le principe de précaution, a insulté les Américains et a fait montre d'un manque de jugement politique. »[7] Puisque que le pétrole brut lourd WCS (Western Canadian Select) est une énergie dispendieuse à produire tout en étant de piètre qualité, M. Peter Lougheed, ancien Premier ministre de l'Alberta, avait anticipé la volatilité des prix pour ce produit sur les marchés internationaux en exigeant des redevances élevées et la mise en place de l'« Heritage Savings Trust Fund ». C'était une bonne police d'assurance. En boudant ce gros bon sens, les successeurs de M. Lougheed ont emprisonné l'économie de l'Alberta dans une économie mono industrielle du 19e siècle! [7]Pendant la campagne électorale de 2019, M. Trudeau avait promis « une transition juste » pour que les travailleurs du secteur pétrolier puissent être soutenus financièrement et ainsi devenir des joueurs-clés d'une nouvelle économie verte. Aujourd'hui, il doit faire un arbitrage. Soit il va de l'avant dans la lutte aux changements climatiques; soit il essaie désespérément d'apaiser les bouderies de M. Kenney en gaspillant les deniers publics pour renchausser une industrie pétrolière en perte de vitesse permanente. Essayons d'imaginer ce que la transition juste pourrait faire avec tous les milliards que M. Trudeau s'apprête à dépenser pour TransMountain, sans oublier la valse des milliards que l'Alberta et le fédéral injectent annuellement dans cette industrie. [8]Gérard Montpetitle 31 janvier 20211] Le Petit Robert, 1969, voir la définition de « bouder », à la page 182 : « Montrer du mécontentement par une attitude renfrognée, maussade que l'on entretient à dessein. »2] https://en.wikipedia.org/wiki/Veracity_of_statements_by_Donald_Trump#Fact-checking_Trump3] https://www.goodplanet.info/2021/01/26/kerry-regrette-labsence-des-etats-unis-dans-la-lutte-contre-le-changement-climatique-sous-trump/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=les-depeches-goodplanet-mag_54] https://www.theguardian.com/us-news/ng-interactive/2020/oct/20/trump-us-dirtier-planet-warmer-75-ways5] https://www.nationalobserver.com/2021/01/20/news/gut-punch-alberta-premier-jason-kenney-blasts-biden-revoked-keystone-xl6] https://www.thestar.com/politics/federal/2021/01/19/against-the-odds-justin-trudeau-calls-on-joe-biden-to-break-a-campaign-promise.html?utm_medium=email&utm_source=actionkit7] https://thetyee.ca/Analysis/2021/01/24/Alberta-Rumpelstiltskin/?utm_source=national&utm_medium=email&utm_campaign=2801218] https://www.nationalobserver.com/2021/01/21/opinion/keystone-cancellation-trudeau-broken-promise-just-transition-act