Les rois-enfants

Mme Louise Morand compare les riches qui président aux destinées de la planète à des enfants mal encadrés, aux désirs insatiables.

Les rois-enfants

On attribue à Jésus cette phrase: «Laissez venir à moi les petits enfants». Les théologiens ont voulu voir dans cette directive du Christ le devoir d’ouverture de l’Église envers les pauvres. L’enfant est celui qui ne possède rien et qui est par le fait même sans droits. Pour les riches pontifes de la papauté, faire preuve d’accueil, voire d’empathie, envers les démunis ne relevait pas du simple bon sens. C’était une vertu morale à acquérir.Si les prêtres avaient eu un peu plus d’expérience familiale, ils se seraient aperçu qu’avant d’être pauvres, les enfants sont surtout incultes. Les enfants ne possèdent pas notre culture. Ils ignorent notre sens des valeurs et du sacré. Ce sont eux qui jouent à la cachette dans un salon funéraire, qui parlent pendant un concert, qui s’amusent à montrer leurs fesses. Ils ont un sens très limité du temps et de l’histoire. Ils agissent spontanément selon leur état d’esprit passager. Ils ne pensent pas à l’avenir. Il faut un patient travail de soutien parental et social avec un encadrement régulateur adéquat pour que l’enfant se développe de manière à participer à la culture commune en y trouvant sa place, sa voie et sa liberté.C’est bien cet encadrement régulateur qui semble faire défaut aujourd’hui pour assurer l’avenir de nos enfants et petits-enfants. En effet, avec la crise climatique que l’on voit s’avancer vers notre civilisation comme un tsunami sur une ruche, il faudrait mettre de toute urgence nos institutions au service de la transition énergétique. Il faut informer la population, éliminer les émissions de gaz à effet de serre, financer massivement les technologies propres, établir de nouvelles normes de construction visant l’efficacité énergétique, réformer les modes de transport des personnes et des marchandises, effectuer une décroissance planifiée de l’économie permettant la décarbonisation nécessaire à notre survie collective, tout en assurant à tous des conditions de vie décentes et en préservant les limites de la planète.Ce à quoi on assiste au contraire, au Québec comme ailleurs, c’est à la désinformation, au financement des énergies fossiles, au désastre environnemental, à la déresponsabilisation et à la dérèglementation. Tout cela au nom de la croissance et de la création de richesse, pour le bénéfice de quelques corporations et de leurs actionnaires, au détriment des populations qui se voient privées, partout sur la planète, de leur environnement et de leur avenir.Les petits enfants, ce sont les riches. Ce sont ceux et celles trop avides de profits et de privilèges pour comprendre les cultures animales dont la nôtre. Nous sommes une espèce capable de protéger notre territoire et les autres espèces qui le partagent, pour notre propre survie. Nous sommes conscients des liens essentiels qui nous unissent aux autres formes du vivant. Nous connaissons nos besoins en air, en eau, en sol, en biodiversité. Les riches ne partagent pas cette culture. Ce sont eux les rois-enfants qui piétinent le potager et crient la bouche pleine: «Je veux encore du bacon, je veux encore du bacon.»Louise MorandComité vigilance hydrocarbures l’Assomption2016-03-12

Précédent
Précédent

Ultimement

Suivant
Suivant

Accepter l'inacceptable