Lettre ouverte à nos gouvernants

Mme Denise Campillo appelle nos gouvernants à prendre les grands moyens pour freiner la crise climatique. Sera-t-elle entendue, tout comme les centaines milliers dejeunes qui ont pris la rue vendredi dernier.

Lettre ouverte à nos gouvernants

Messieurs les premiers ministres du Québec et du Canada, Madame et Messieurs les ministres de l’environnement et des ressources naturelles.

Vous allez déposer le budget de vos équipes dans les jours qui viennent. Vous le savez, nous sommes en situation d’urgence climatique, et l’heure est grave : vous devez agir.Les centaines de milliers de jeunes qui étaient dans la rue vendredi 15, au Québec et partout dans le monde, soutenus par leurs parents et leurs professeurs, l’exigent de vous. Combien de ces jeunes sont vos enfants, vos neveux et nièces, vos amis?C’est une guerre que vous devez mener. Les citoyens vous suivront, comme ils l’ont fait lorsque l’état du monde l’a nécessité pour des raisons politiques. Les raisons sont aujourd’hui écologiques, économiques, et plus que jamais politiques : les dérèglements climatiques commencent à créer le chaos dans divers pays (inondations, cyclones, sécheresses, incendies, désertification…), et ce chaos va ébranler notre confort, tout comme la météo le fait déjà. L’avenir des nouvelles générations est sombre.N’attendez pas l’effondrement de l’économie mondiale!On commence par où?Vous prenez déjà diverses mesures pour soutenir des initiatives vertes dans des secteurs très variés. Ce sont des petits pas dans la bonne direction.Mais, vous le savez depuis longtemps, le cœur du problème, ce sont les hydrocarbures fossiles. Ils doivent rester sous terre autant que possible. Ils seront là, plus tard, si besoin est. Pour le moment, il faut, au Québec, en interdire l’extraction. Dire non aux projets en cours en Gaspésie. Il faut, au Canada, en freiner la production, aider l’Alberta à réduire ses objectifs de croissance en vue de les renverser. Ne pas financer les moyens de transport (oléoducs, gazoducs, trains, navires-citernes) qui visent à permettre cette hausse de l’extraction du pétrole et du gaz de schiste et des sables bitumineux. Les milliards consacrés à l’achat aberrant du pipeline Trans Mountain auraient dû être affectés à cette reconversion de l’économie albertaine.Il faut, partout, changer notre culture axée sur la consommation individuelle, baliser la publicité en ce sens et mobiliser les esprits sur des thèmes combien plus inspirants : le partage, la solidarité, les projets de collaboration, le développement local.Pourquoi repousser toujours plus loin la prise de conscience et les décisions difficiles qui s’imposent? Passez à l’histoire en faisant preuve de la lucidité et du courage nécessaires pour aller à contre-courant de l’idéologie de la croissance sans fin qui menace notre survie et celle de la vie sur Terre.Denise Campillo, Roxton FallsLe 17 mars 2019

Denise Campillo

Artiste-peintre de renom établie à Roxton-Falls, en Montérégie, Denise Campillo contribue de multiples façons à la lutte aux changements climatiques, notamment par son engagement à titre d’adhérente au RVHQ.

Née en Algérie en 1949, Denise Campillo a grandi et étudié en France, puis a immigré au Canada en 1974. Elle vit depuis 1980 au Québec, où elle a pris racine.

Issue d’un milieu modeste mais valorisant l’étude, les sciences et les arts, sa famille l’a poussée vers l’université où elle a obtenu des diplômes en langue et littérature anglaises, en enseignement, en traduction. Elle a enseigné à divers niveaux et fait carrière en traduction scientifique.

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