L'éolien, oui, mais...
M Montpetit de La Présentation croit que l'éolien est une bonne forme d'énergie. Cependant, la hâte immodérée que certaines compagnies utilisent pour implanter cette énergie en milieu agricole lui font craindre une « dénationalisation » de l'électricité qui serait aux antipodes des rêves des pères d'Hydro-Québec.
L'éolien oui, mais...
L'année 2023 a imposé toutes sortes de conditions météorologiques extrêmes aux habitants de la planète terre : températures caniculaires hors normes, sècheresses, feux de forêt, inondations, ouragans. Pour réduire les stress sur les écosystèmes, nous sommes contraints de faire des choix sur notre mode de vie, particulièrement en ce qui a trait à notre utilisation de l'énergie. Cependant, ces choix doivent être faits de façon logique, ordonnée et pour le bien commun, sinon le « remède » proposé risque de faire plus de torts que de bien!
Depuis quelques mois, on voit du maraudage auprès des propriétaires terriens par des entreprises qui proposent de construire un parc éolien dans certaines régions. Treize MRC, dont celles de Nicolet-Yamaska, de Valleyfield, et des Maskoutains, sont dans la mire de promoteurs comme Boralex, Innergex et Hydroméga. Des agriculteurs se voient offrir un contrat intéressant s’ils acceptent une éolienne sur leur propriété. Bombardés par une « urgence » qui empêche toute pensée critique, les élus municipaux sont sommés d’entériner le tout, et rapidement, sans en débattre adéquatement. Selon Radio-Canada, Hydro-Québec a choisi dix zones pour l’appel d’offres qui se termine le 12 septembre 2023!
C’est un délai hyper-court! Pourquoi bousculer tout le monde comme ça? Comme le fait remarquer le maire de Salaberry-de-Valleyfield, Hydro-Québec et les promoteurs ont « placé la ville dans une situation délicate, puisque les citoyens n’ont que quelques semaines pour se prononcer sur un projet de 12 à 15 éoliennes. »
Selon un ami, une trentaine d’agriculteurs de la région de Sainte-Hélène et Saint-Hughes ont reçu la visite de représentants de la société Innergex. Certains ont signé une entente pour accepter une éolienne en zone agricole; d’autres, comme cet ami, ont décliné. Pour sa part, l’union des producteurs agricoles (UPA) veut garder le territoire agricole pour sa vocation première, c’est-à-dire nourrir l’humanité.
La hâte immodérée de ces projets crée des tensions et de la controverse entre les élus et les citoyens. Devant l'opposition de citoyens organisés et informés, les élus de la MRC de Nicolet-Yamaska ont décidé d’appliquer les freins pour avoir le temps de prendre une décision éclairée, en précisant toutefois ce qui suit dans leur communiqué : « Ce n’est donc pas un non à l’éolien, d’autant que les échanges avec des élus(es) de municipalités ayant des éoliennes et les visites de sites ont illustré plusieurs aspects positifs à ces projets. »
L’éolien, c’est bien … en théorie. Mais dans le pratico-pratique, comment se fait-il que ce sont des entreprises privées telles Boralex, Innergex et Hydroméga qui font tout ce travail de prospection derrière des portes closes? Je croyais que nous avions terminé la nationalisation de nos ressources d’énergies électrique avec le « Maître chez nous » des années soixante! Est-ce que nous serions en train de revenir à l’époque de l’infâme « Trust de l’électricité » que nos grand parents ont connu durant les années trente?
À Saint-Hyacinthe, une situation a valeur de symbole. Le barrage de la Penman avec sa mini-centrale T.-D.-Bouchard, située au centre-ville, a été un projet piloté par Boralex en 1991. Revendue à la compagnie ontarienne Algonquin Power, la centrale a généré 13 millions de dollars de revenus bruts en 20 ans. Mais lorsque la ville a demandé de réduire le turbinage parce que le débit de la rivière Yamaska durant l’étiage était trop faible, ce « bris de contrat » a entrainé des pénalités importantes pour les redevances de la ville puisque cela a occasionné des pertes de revenus pour cette compagnie privée. À titre d’exemple, le faible débit de la Yamaska a été un facteur de l’hécatombe de poissons en 2016. L’ironie, c’est que le nom de cette centrale honore le père d’Hydro-Québec, le maskoutain Télesphore-Damien Bouchard, le ministre du gouvernement Godbout qui a crée HQ en avril 1944 et qui a nationalisé la « Montreal Light, Heat and Power ». Vingt ans plus tard , René Lévesque devait terminer la tâche avec brio.
Aujourd’hui, devant cette « dénationalisation » de l’électricité, T.D. Bouchard et René Lévesque doivent se retourner dans leur tombe! Il nous faut un véritable débat public au sujet de la transition énergétique en cours, car nous devons prendre les bonnes décisions pour l’ensemble de la population; ce n’est pas des compagnies privées qui doivent nous imposer leur choix intéressé. Un débat public est nécessaire et voilà pourquoi le CCCPEM et d’autres organisations ont demandé un BAPE générique.
Gérard Montpetit
membre du CCCPEM (Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain)
le 6 septembre 2023