Maireux en char à boeufs

M. Robert Duchesne, de Trois-Rivières dénonce le fait que, même si près de 300 municipalités s’opposent officiellement au projet de pipeline Énergie Est, les maires de Trois-Rivières et Louiseville dénigrent leurs concitoyens inquiets et font étalage de leur ignorance du dossier.

Maireux en char à boeufs

Lors d’interventions médiatiques récentes, les maires Lévesque de Trois-Rivières et Deshaies de Louiseville décrient les citoyens opposés au projet Énergie Est et aux hydrocarbures en général, le premier les traitant d’extrémistes irréfléchis et le second les décrivant comme des arriérés qui voudraient revenir au train à vapeur dans un monde sans avions.Si nos maires daignaient sortir de leur bulle d’aveuglement volontaire et de déni, voici ce qu’ils découvriraient au-delà des limites de leurs petits carrés de sable :Près de 43 000 signataires du Manifeste pour un Élan global qui appelle à un Québec libre des hydrocarbures, dont Yvon Deschamps, Dominic Champagne, Gilles Vigneault, Marie Tifo, Jean Lemire, Denis Villeneuve, Maude Barlow, David Suzuki, Leonard Cohen, Claude Béland, Fred Pellerin, Neil Young, Lise Payette, Donald Sutherland, Pierre Jasmin, Armand Vaillancourt, Yann Martel, Naomi Klein, Robert Lepage, Louis-Josée Houde, Micheline Lanctôt, et des milliers d’autresi.Collectif de 170 scientifiques contre l’exploitation du gaz de schisteii.Plus de 65 000 signataires de la campagne Vous n’entrerez pas chez nous contre l’implantation de puits de gaz de schiste dans la Vallée du Saint-Laurentiii.Un autre collectif de 110 scientifiques nord-américains réclamant un moratoire sur l’exploitation des sables bitumineuxiv,v.21 prix Nobel opposés à l’exploitation des sables bitumineux, dont Desmond Tutu et les scientifiques canadiens Mark Jaccard et John Stonevi.Près de 300 municipalités québécoises opposées à Énergie Est (représentant quelques millions de citoyens)vii.Une petite bande d’extrémistes irréfléchis et arriérés selon nos maires visionnaires!!! En réalité, des citoyens ayant un grand sens de la responsabilité civique, de la recherche documentée, de l’analyse judicieuse, de la réflexion pertinente, de la prise de décision éclairée et référencée, des citoyens ne se contentant pas du seul signe de piastre comme critère d’évaluation des faits et des projets, qui considèrent que la sécurité publique, la qualité de vie commune, l’avenir de notre planète et de nos enfants et petits-enfants ont plus de valeur que le profit à tout prix et à court terme.En tapant sur Google les mots Moscou pipeline rivière, on découvre à quoi ressemblerait un pipeline enflammé dans la Saint-Maurice en amont de la prise d’eau potable de Trois-Rivières, ou dans le Saint-Laurent près de Québec, ou encore dans l’une des rivières de la MRC de Maskinongéviii.Et un petit effort supplémentaire de recherche nous révèle que « La transition vers les énergies à faibles émissions de carbone pourrait créer jusqu'à 380 milliards d'euros par an de valeur nouvelle pour les opérateurs d'énergie », selon un rapport mondial d’Accenture et de CDPix.Un peu plus de pitonnage sur notre clavier nous fait découvrir une étude parue dans Nature Climate Change qui dit que « 2500 milliards d’actifs financiers (sont) menacés sur les marchés mondiaux » à cause du réchauffement climatique, et que « uniquement pour le Canada, le coût des changements climatiques pourrait passer de 5 milliards par année en 2020 à des montants allant de 21 à 43 milliards par année dans les années 2050 »; une autre étude publiée dans la revue Nature révélerait que les « coûts associés au réchauffement climatique (seront de) 60 000 milliards pour les 20 prochaines années »x,xi.Et avec ça, nos maires accusent les écologistes d’empêcher l’enrichissement collectif!!!Les citoyens sont conscients que depuis trop longtemps au Québec, les gouvernementeux pétroleux et gazeux sabotent systématiquement les formidables atouts qui nous permettraient de devenir des leaders mondiaux en énergies renouvelables. À ce sujet, voir les annexes 2-3-4 du document qu’on trouve sur le web sous le titre Hydrocarbures : citoyens versus promoteurs (Reconnaissance de l’expertise citoyenne) xii où l’on voit qu’en 2006 un certain Jean Charest et son complice Thierry Vandal d’Hydro-Québec ont refusé en secret une offre extraordinaire du géant de l’éolien Siemens qui aurait investi des milliards au Québec et créé 2500 emplois permanents; et que la batterie super-performante inventée chez Hydro Québec sera fabriquée industriellement…en France, y créant 600 bons emplois directs, plutôt que de compenser les emplois perdus à Bécancour lors de la fermeture de Gentilly-2.Étrange qu’on n’entende pas nos tits-jos-connaissants de maires protester haut et fort contre de telles aberrations! Sont-ils même au courant?Il est extrêmement pathétique et affligeant de voir nos maires se ridiculiser en étalant leur ignorance des dossiers, leur argumentaire démagogique non référencé et leur mépris envers leurs concitoyens inquiets et les sommités publiques qui prennent position contre les hydrocarbures et pour les renouvelables.Au lieu d’assumer un rôle de leadership à l’écoute des citoyens et de les représenter, ils se font serviles face aux pétrolières et tentent d’imposer leur vision passéiste, improductive et même périlleuse du progrès et de la croissance, devenant ainsi des boulets à la traîne de leurs concitoyens avisés et clairvoyants qui les incitent inlassablement à adhérer aux initiatives porteuses de réalisations économiques, sociales et écologiques réelles et désormais incontournables.Évidemment, ceci exigerait d’eux une certaine dose d’humilité et d’ouverture à laquelle ils se montrent réfractaires, préférant dénigrer les citoyens inquiets comme si ceux-ci étaient des ignorants qui souhaitent vivre à l’âge de pierre. Dans les faits, ce sont ces maires et leurs semblables qui se promènent encore en char à boeufs alors que les citoyens, eux, sont déjà rendus au transport électrifié moderne et efficace et mettent de l’avant de véritables solutions à la crise climatique, des solutions réalistes et rentables pour nos régions quand elles ne sont pas sabotées par d’irresponsables politiciens bornés et aveuglés par le mirage pétrolier et gazier.Robert Duchesne, Trois-Rivières

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POINT DE VUE - La politique énergétique 2030 : plein gaz et porte ouverte à l’exploitation des hydrocarbures au Québec

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Énergie Est, c'est une économie du 19e siècle