Northvolt, développement durable ou pas endurable?

Madame Ellen Nutbrown, de Mont-Saint-Hilaire, relève les impacts possiblement toxiques et indésirables de l'usine de Northvolt en Montérégie. Ellet appelle à la mobilisation pour faire toute la lumière sur ce projet.

Northvolt, développement durable ou pas endurable?

À la lumière des dernières informations recueillies dans Le Devoir, la situation avec l’usine Norhvolt s’annonce périlleuse dans tous les sens du terme pour tout le monde.

Rappelons-nous les paroles même du ministre de l’Environnement, Benoit Charette : « on ne fait pas de BAPE, car ça n’aurait pas passé… » ou « si on avait fait un BAPE, la compagnie serait allée ailleurs… ». En fait, si la compagnie était allée à New York, nous aurions économisé sept milliards de dollars et nous pourrions tout de même acheter leurs batteries.

Le BAPE n’aurait pas passé; devrions-nous interpréter que le projet n’a pas d’allure ou n’est pas assez bon? En fait, le gouvernement a changé la loi afin de permettre à Northvolt d’échapper au BAPE. C’est alors qu’on nous a laissé entendre que la fenêtre requise pour l’implantation et la mise en production de l’usine Northvolt était étroite. Ils avaient un carnet de commandes et il n’y avait pas de temps à perdre dans cette course contre la montre pour aller vers le bon développement vert et « durable ». Cherchez l’erreur maintenant, lorsque la compagnie nous dit qu’elle doit revoir ses plans et se mettre sur pause momentanément afin de résoudre certains problèmes…! Mais lesquels?

La police suédoise enquête au sujet d’employés qui ont été victimes d’accidents. La presse anglophone relate quatre morts. La compagnie a dû ralentir. Son carnet de commandes est en train de se vider et d’autres compagnies optent pour les modèles de voitures hybrides. Lors des séances tenues avec les citoyens de McMasterville et de Saint-Basile, les représentants du gouvernement ont maintes fois mentionné qu’ils n’avaient pas les réponses à nos questions et qu’il n’y a pas de normes pour ce genre d’industrie au Québec. Pas de normes! Doit-on comprendre cela comme : ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent!? Ce serait un vœu pieux de penser que le bon gouvernement établira de bonnes normes, lorsqu’on sait qu’il a rehaussé les normes pour le nickel dans l’air près du port de Québec et pour plaire à la fonderie Horne ou lui faciliter les choses. Cette fonderie est l’exemple criant que le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs ne se tient pas debout.

Selon Northvolt qui a besoin de neuf milliards de litres d’eau annuellement, l’eau rejetée dans la rivière après avoir été utilisée dans son complexe industriel ne représentera pas de risque pour l’environnement, puisqu’elle sera « traitée par une usine de traitement sur le site ». Elle promet de se conformer aux « normes de rejet qui seront établies pour le projet de Northvolt Six selon la qualité de la rivière Richelieu à l’état actuel… » Nous attendons patiemment de connaître ces normes… Et selon le directeur de la Société pour la nature et les parcs du Québec (SNAP), M. Branchaud, les informations que nous avons ne sont pas rassurantes. Le principe de précaution devrait s’appliquer pour le chevalier cuivré. Il faudra faire beaucoup de tests avant de déterminer les rejets adéquats pour la faune (1) et j’ajouterais pour le citoyen qui boit l’eau de la rivière Richelieu. Fait à noter, le gouvernement Legault s’est opposé à la Loi de protection du chevalier cuivré en 2021, pour des raisons économiques.

Le gouvernement nous a présenté Northvolt comme une compagnie exemplaire, mais elle accumule les calamités financières. On voit des gains privés et des pertes socialisées. C’est nous qui payons toutes les factures au bout du compte.

« Aux larmes, citoyens » n’est pas une option envisageable. Nous ne les laisserons pas saccager notre eau et notre environnement. Les armes que nous avons sont multiples : des plumes bien aiguisées, des langues bien pendues qui transmettent toute l’information et la vérité aux voisins et aux élus, en indiquant toutes nos réticences et inquiétudes qui, jusqu’à maintenant, n’ont pas été prises en considération : BAPE écarté, normes inexistantes ou rehaussement des niveaux pour divers contaminants dont le nickel. C’est inquiétant pour les abeilles qui y sont très sensibles et pour nos pomiculteurs dans la région qui ont besoin de ces pollinisateurs.

Nous avons sauvé les baleines avec l’invention du kérosène autour des années 1850. Ça ne veut pas dire que les baleines vont très bien. Mais nous pourrions avoir à sauver les humains prochainement si nous ne pensons pas à nous développer de façon véritablement durable. Le nombre de claims miniers a bondi de 83 000 au cours de la dernière année, ce qui représente 10 % du territoire. Il est question de claims pour extraire le lithium, le cobalt, le nickel, le graphite et j’en passe.

Et encore une fois, si c’est nous qui devrons payer pour la décontamination de ces sites miniers, on est du bon monde! Écologie ou escrologie! On n’a qu’à penser aux sous que Fitzgibbon donne à Nemaska Lithium.

Il y a plusieurs années, Pierre Béland, écotoxicologue, ramassait des carcasses de bélugas le long du fleuve Saint-Laurent et à quelques reprises, il en a fait acheminer vers l’Institut vétérinaire de Saint-Hyacinthe. Nous apprenions qu’un de ces bélugas était tellement contaminé que le transporter aurait pu être illégal. C’est connu, les toxines s’accumulent dans nos tissus graisseux. Des études en témoignent. Si Northvolt s’installe dans notre région, il n’y aura pas que les bélugas qui vont souffrir, mais toute la faune et les citoyens de la région. Pensez-y.


Ellen Nutbrown

Saint-Hilaire


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