OUVERTURE ET PRAGMATISME?

OUVERTURE ET PRAGMATISME?À la veille de la table de consultation sur les hydrocarbures, qui doit avoir lieu le 15 juin à Québec, je prends acte de l’enthousiasme manifesté par Mme Françoise Bertrand et ses collègues, qui représentent un grand pan de l’activité économique au Québec.Je prends acte aussi de la composition de cette table d’experts, dont est exclue toute voix qui aurait pu être dissidente, notamment celle des économistes et scientifiques québécois qui s’interrogent sur l’avenir énergétique du Québec et qui ont recueilli une foule de connaissances pertinentes tant à l’échelle locale qu’au niveau international.Oui, les hydrocarbures seront présents dans nos vies pour encore des décennies.Oui, nous devons examiner tous les aspects de notre dépendance à cette ressource. Loin d’évacuer la réflexion et la discussion à ce sujet, nous devons ouvrir le débat.Et avant tout le situer dans son vrai contexte, celui que dessinent les avis tant scientifiques qu’économiques qui inondent les médias depuis quelque temps – et que Mme Bertrand semble vouloir ignorer (du GIEC au FMI, de la NASA à l’OCDE en passant par le pape François…) : si nous voulons ralentir le réchauffement climatique et sa cohorte de dérèglements tant météorologiques qu’économiques et sociaux, nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre et avant tout freiner l’extraction des hydrocarbures, surtout non conventionnels (gaz et pétrole de schiste, sables bitumineux). Les réserves d’hydrocarbures doivent pour le moment rester le plus possible dans le sol. Au lieu d’accroître l’offre, nous devons travailler à ralentir la demande en investissant dans les énergies renouvelables, les économies d’énergie, le développement des nouvelles technologies, la décarbonisation des transports. C’est là qu’est l’avenir. C’est là que sont les emplois.Pour ce qui est du contexte québécois, avant de dévaster nos terres agricoles pour extraire du gaz de schiste, avant de dévaster Anticosti et la Gaspésie pour extraire du pétrole par fracturation, avant d’exposer encore plus l’ensemble du territoire et de nos eaux aux dangers représentés par les pipelines, les trains et les navires citernes qui transportent les hydrocarbures venus de l’Ouest (les plus polluants de la planète), faisons preuve d’ouverture et de pragmatisme : investissons dans les ressources matérielles et humaines que nous possédons déjà. Au lieu de mener le combat d’arrière-garde qui est celui du développement des hydrocarbures, faisons du Québec une société exemplaire qui comprend l’urgence d’investir dans l’avenir. Denise CampilloComité de vigilance Gaz de schiste de Roxton FallsMembre du Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec 

Denise Campillo

Artiste-peintre de renom établie à Roxton-Falls, en Montérégie, Denise Campillo contribue de multiples façons à la lutte aux changements climatiques, notamment par son engagement à titre d’adhérente au RVHQ.

Née en Algérie en 1949, Denise Campillo a grandi et étudié en France, puis a immigré au Canada en 1974. Elle vit depuis 1980 au Québec, où elle a pris racine.

Issue d’un milieu modeste mais valorisant l’étude, les sciences et les arts, sa famille l’a poussée vers l’université où elle a obtenu des diplômes en langue et littérature anglaises, en enseignement, en traduction. Elle a enseigné à divers niveaux et fait carrière en traduction scientifique.

Précédent
Précédent

CRIME CLIMATIQUE OU TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ?

Suivant
Suivant

La lutte pour l'eau