PÉTITION « POUR UN QUÉBEC PROPRE » - Présentation d'Hugues Bonenfant lors du ralliement du vendredi 4 novembre 2016 à Drummondville
Le 4 novembre 2016, Hugues Bonenfant, du Comité de vigilance de St-Valérien, a envoyé au ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles du Québec, Pierre Arcand, une pétition que plus de 5 000 personnes ont signée afin de s'opposer au projet de loi sur les hydrocarbures et de réclamer une transition rapide vers un Québec propre. Voici le texte de la présentation qu'il a faite à cette occasion aux citoyennes et citoyens réunis à Drummondville pour exprimer leur mécontentement au ministre Arcand, venu rencontrer la communauté d'affaires de la région.
Comme en plusieurs municipalités du Québec, le Comité de Vigilance de St-Valérien s’est formé il y a bientôt 5 ans afin de s’opposer à l’exploitation du gaz de schiste et à la fracturation hydraulique sur/sous nos terres.« Vous n’entrerez pas chez nous ! » « Non au gaz de schiste ! » disaient les pancartes orange.Plus de 65 000 propriétaires terriens avaient ainsi signé leur ferme opposition à ce projet complètement délétère d’exploitation des hydrocarbures.Dans ce porte à porte citoyen, notre opposition à l’exploitation des gaz de schiste et des hydrocarbures a éveillé notre conscience et a renforcé notre souci pour l’eau – qu’elle soit disponible en qualité et en quantité suffisante pour nos familles et pour les différents types d’agriculture qui assurent notre survie et par laquelle agriculture plusieurs vivent.À St-Valérien, nous avions pensé que cette vaste campagne serait suffisante pour nous protéger et protéger nos sources d’eau potable.Malheureusement, l’édiction par le Gouvernement du Québec du « Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection », en juillet 2014, bien loin de renforcer ce sentiment du plus grand soin pour l’eau vitale, laissait plutôt présager un dispositif juridico-légal à la faveur des compagnies gazières et pétrolières.Malheureusement, les distances séparatrices minimes de ce Règlement n’assurent pas ou très mal la protection de l’eau potable (500 mètres horizontalement et 400 mètres verticalement entre les points de captation d’eau et de possibles puits gaziers ou pétroliers).À l’instar de quelque 300 municipalités, à St-Valérien, où toutes les maisons et toutes les fermes sont alimentées en eau à partir de puits artésiens, nous avons tenté de faire adopter une réglementation municipale plus exigeante, meilleure, avec des distances séparatrices minimales de 2 kilomètres. Ce fut en vain !À l’annonce du Projet de loi 106, en juin dernier, nous avons pris peur en lisant le chapitre 4 qui vise à édicter la « Loi sur les hydrocarbures ». À St-Valérien, notre eau est peu et mal protégée. Nos terres et nos terrains sont largement « claimés ». Nous avons peur qu’une partie de nos terres agraires, forestières et domiciliaires soit expropriée pour accommoder des compagnies gazières et pétrolières dont le but n’est pas de s’enraciner chez nous mais de faire coûte que coûte des profits. Nous avons peur que notre eau, en qualité et en quantité, soit corrompue ou tarie.Face à cette situation, au village, en août dernier, nous avons tenu une soirée d’information populaire sur PL106, soirée qui fut très populaire ! Les gens de chez nous ne comprennent pas pourquoi le gouvernement voudrait adopter une telle loi inique. Ou bien ils disent comprendre, mais ils sont alors cyniques...Le Comité de Vigilance de St-Valérien ne dispose pas de temps ni de moyens techniques, médiatiques ou financiers pour s’opposer au très puissant lobby pétrolier ; ou pour engager – comme les compagnies pétrolières – les services de quelques dizaines de lobbyistes pour faire pression sur le gouvernement libéral, ou l’infiltrer...Au Comité de Vigilance de St-Valérien, comme dans les autres comités citoyens, nous disposons uniquement de notre force morale et de la légitimation scientifique.C’est notamment parce que nous voulons protéger l’eau disponible, en qualité et en quantité, que nous nous opposons vigoureusement au PL106. Et c’est parce que nous nous opposons au PL106 que nous, campagnards et villageois sans moyens, de St-Valérien, avons mis en ligne une pétition citoyenne. Cette pétition a été signée, à ce jour, par plus de 5000 personnes d’un peu partout. Nous la présentons aujourd’hui au Ministre Pierre Arcand, et à toute la députation de l’Assemblée nationale. Nous venons de leur acheminer par voie électronique la pétition et la liste des signataires.Que dit cette pétition ? Elle dénonce :
- le feu vert donné à l’exploitation des hydrocarbures au Québec, donc du gaz et autres produits pétroliers issus du schiste ;
- l’augmentation significative des GES que cette exploitation gazière/pétrolière produira, ses effets négatifs importants, directs et immédiats sur la santé et la sécurité des gens, sur la production alimentaire agricole et sur les infrastructures municipales ;
(À ce sujet d’ailleurs, pas plus tard qu’hier, 3 novembre, un rapport du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement affirmait la grande urgence de réduire de 25 % les émissions de GES afin d’avoir une chance de minimiser – non d’éliminer – les effets dangereux, catastrophiques, dus aux changements climatiques tels les orages violents, les longues périodes de sécheresse, la hausse du niveau de la mer, etc. 2015 a été l’année la plus chaude depuis 1850. On affirme aussi, dans ce rapport de l’ONU, que : « Si nous ne prenons pas dès aujourd’hui des mesures supplémentaires [...], il nous faudra déplorer la survenue d’une tragédie humaine évitable. Le nombre croissant de réfugiés climatiques frappés par la faim, la pauvreté, les maladies et les conflits nous rappellera de façon incessante notre échec. La science indique que nous devons agir beaucoup plus vite. »)
- l’usage de produits toxiques, cancérigènes et mutagènes dans les opérations de fracturation hydraulique ou de lessivage des conduits ;
- le droit accordé aux pétrolières d’entrer, à des fins de « recherche », sur toutes les propriétés claimées ;
- le droit accordé aux pétrolières d’aller jusqu’à exproprier, à des fins d’exploitation, toutes les propriétés claimées ;
- l’obstacle majeur que de tels droits constituent à l’encontre du développement et de l’aménagement du territoire des municipalités ;
- la dénégation des compétences municipales sur tout puisement d’eau lorsque celui-ci est fait à des fins d’exploration, de production ou de stockage d’hydrocarbures ;
- le caractère peu démocratique des méthodes employées par le gouvernement afin de procéder à l’étude de ce Projet de loi et le pousser à adoption.
Pour ces raisons, cette pétition demande :
- de retirer du PL106 tout le chapitre 4 relatif à la Loi sur les hydrocarbures et de revoir en profondeur la stratégie gouvernementale afin de sortir définitivement le Québec de la filière du gaz de schiste et des sources d’énergie fossiles ;
- de renforcer et de compléter les dispositions des chapitres 1 à 3 du PL106 relatifs à la transition énergétique.
Aujourd’hui, nous réclamons donc que le gouvernement du Québec pense et agisse, dans le présent dossier, en fonction du bien commun, pour aujourd’hui et pour demain, pour l’ensemble du territoire national.