Un moment de réflexion s’impose
M. Paul Bibeau constate que la situation politique actuelle en regard du COVID19 nous amène à réfléchir sur l'organisation capitaliste de notre société et aux changements majeurs qui pourraient être envisagés afin de se diriger vers une décroissance beaucoup plus durable, pour l'avenir de l'humanité.
Un moment de réflexion s’impose
Au moment où la Terre tourne au ralenti et où la bourse ne sait plus où donner de la tête, la vie devient tout à coup extrêmement vulnérable. La pandémie causée par le COVID 19 a le mérite de nous faire réfléchir sur le modèle de société auquel on s’est habitué depuis plus de 100 ans. Avant cette pandémie il n’y avait pas grand gouvernements sur la planète pour remettre en cause notre mode de production basé encore et toujours sur le pétrole. La décroissance, mot tabou, était selon eux une vue de l’esprit.Force est de constater que cette pandémie nous oblige à revoir plusieurs dogmes érigés en vérité par les tenants de l’économie capitaliste. Selon les penseurs de notre économie, la notion d’État serait à revoir et on devrait donner beaucoup plus de place au privé afin de réguler le marché. Mais que se passe-t-il actuellement par rapport à cet énoncé érigé en vérité? Tout le contraire! Les États se replient actuellement sur leur système de santé public afin de juguler cette crise sans précédent. Les États-Unis, qui n’ont pas de système de santé public pour couvrir leur population, sont actuellement en position très précaire. Par contre, les États qui ont choisi d’investir dans les services publics s’en tirent beaucoup mieux que ceux qui ont misé principalement sur le secteur privé. Bien sûr, les États totalitaires comme la Chine vont s’en sortir assez bien, mais ce sera au prix d’un contrôle extrême de leur population et d’un resserrement plus poussé encore des libertés politiques de leurs citoyens. Et qui va indemniser la population pour les pertes dues à cette pandémie? Encore une fois, c’est l’État, qui va puiser dans ses réserves pour faire en sorte que l’économie ne sombre pas dans une dépression incontrôlée. Et les plus riches de la planète, le 1 % qui accapare la majorité des richesses de la Terre, vont continuer à cacher leur profit dans des paradis fiscaux et ce, en toute impunité.L’organisation du système capitaliste est à revoir de toute urgence, car la crise que l’on va connaître au cours des prochains mois n’est rien en comparaison de la crise climatique annoncée par tous les experts depuis des dizaines d’années. Imaginez ce que l’effondrement des écosystèmes va provoquer sur la planète, avec son lot de catastrophes naturelles et l’exode des populations touchées. C’est par centaines de millions que les habitants de notre Terre seront touchés si ce système basé sur la croissance infinie n’est pas remis en cause. La lutte récente des Premières nations au Canada nous envoie le signal que la comédie a assez duré et que les projets pétroliers dans leur ensemble sont à remettre en question si l’on veut protéger la Terre, qui est notre refuge et le seul endroit où la vie pourra continuer.Nous allons collectivement expérimenter la décroissance dans les prochaines semaines, et les seuls leviers économiques qui vont nous aider à passer à travers viendront du soutien des États nationaux qui auront eu la prévoyance de mettre assez d’argent de côté pour faire face à cette pandémie mondiale. La solidarité de tous et chacun sera elle aussi un élément vital pour la suite des choses.L’humanité est rendue à un carrefour, et la direction qu’elle va prendre sera cruciale pour notre survie collective. Le temps de réflexion que nous pouvons prendre en ce moment pour questionner les choix politiques de nos gouvernements ne se présentera peut-être plus. C’est à nous tous de remettre en question ce système afin de favoriser un mode de production basé sur la décroissance qui assurera une vie meilleure pour tous les habitants de la Terre.Paul BibeauRepentigny