Ce qui pourrait advenir de nous

M. Paul Bibeau, de Repentigny, dénonce notre mode de vie axé sur le pétrole et ses conséquences pour l'environnement. Il suggère des pistes de solution afin de se diriger vers une économie verte.

Ce qui pourrait advenir de nous

Actualités un peu avant les Fêtes : nouvel attentat en Allemagne. Avec désolation, j’ai constaté que le même scénario venait de se reproduire. Le conflit en Syrie, qui a provoqué un véritable génocide et une des plus grandes migrations de l’histoire moderne, et qui tient sa source dans l’invasion de l’Irak par le gouvernement américain à l’époque de Georges W. Bush, est évidemment relié à ce type d’attentat. Cette guerre et bien d’autres conflits sont toujours associés à des ressources naturelles et particulièrement au pétrole. L’organisation capitaliste de notre société repose sur l’or noir, et les multinationales de ce monde ne voient pas le jour où elles pourraient arrêter d’exploiter cette ressource, quitte à en faire payer le prix à des milliards d’humains .Les conséquences sont dramatiques et vont aller en s’accentuant si nous n’arrêtons pas cette dynamique qui pourrait amener l’humanité à son extinction.Le réchauffement climatique s’accélère, la fonte des glaces au pôle nord et au pôle sud est beaucoup plus rapide que prévu. Le livre de Jean Lemire L’Odyssée des illusionsi en fait un constat implacable pour toute la biodiversité de notre planète bleue. Nous écoutons tous les actualités en nous disant que le temps presse et que l’heure est à l’action : nous devons changer notre façon de vivre afin de la rendre plus compatible avec notre environnement. Sauf que les politiciens du Québec et du Canada vivent dans un autre univers, celui qui carbure aux énergies fossiles. Ils tentent de rassurer la population en disant qu’ils sont pour la transition énergétique et les énergies renouvelables – d’ailleurs, selon le gouvernement canadien dirigé par Justin Trudeau, le fait d’accorder l’autorisation de construire deux nouveaux pipelines au Canada serait un pas vers la transition énergétique. Au Québec, le gouvernement Couillard n’est pas en reste car il vient d’imposer le projet de loi 106 qui va donner le feu vert à l’exploitation des hydrocarbures partout sur le territoire du Québec. Malgré une opposition très large de la population à cette industrie, le gouvernement va de l’avant dans cette direction suicidaire pour nos écosystèmes. De plus, ces gouvernements se pavanent dans toutes les rencontres internationales pour proclamer que le Québec et le Canada sont des leaders en environnement en Amérique du Nord.Les solutions qui s’offrent à nous sont bien connues. Les énergies renouvelables telles que l’énergie éolienne, la géothermie, la biomasse, l’énergie solaire et l’hydroélectricité, l’efficacité énergétique et les économies d’énergie sont des solutions à notre portée, surtout ici au Québec. De plus ces énergies génèrent quatre à cinq fois plus d’emplois que les énergies fossiles.Alors me direz-vous, qu’est-ce qu’on attend pour prendre ce virage? La réponse réside dans la résistance des multinationales et l’action des lobbyistes qui ont envahi la sphère politique au niveau provincial, fédéral et international.Par contre, les multinationales qui veulent continuer à exploiter ces ressources sont maintenant en compétition avec d’autres multinationales qui veulent exploiter les énergies renouvelables. À titre d’exemple, au mois de décembre, les actualités nous donnaient une information très encourageante, à savoir que plus de 5 000 milliards de dollars seront investis cette année dans les énergies renouvelables. Les investisseurs sont des grandes banques, des compagnies d’assurances et même certaines pétrolières. De plus, Bill Gates a décidé d’investir un milliard dans la recherche-développement pour les énergies vertes. Vous allez me dire que c’est encourageant et qu’on ne doit pas trop s’inquiéter. Pour moi, la seule réponse face à ce changement de paradigme, c’est d’en faire partie. Concrètement, ça veut dire se relever les manches et participer à ce mouvement mondial vers la transition énergétique en s’engageant dans un comité de vigilance de notre ville ou village. S’informer sur toutes les formes d’énergies renouvelables et sur les façons de les mettre de l’avant dans notre communauté en faisant pression sur les élus municipaux, provinciaux et fédéraux. D’ailleurs, il faudrait commencer par demander au gouvernement fédéral d’arrêter de subventionner les compagnies pétrolières, ce qui pourrait générer trois milliards par année pour la transition énergétique. De plus, la Caisse de dépôt et placement, le bas de laine des Québécois, pourrait désinvestir des énergies fossiles en réinvestissant dans les énergies propres. Un changement de société ne peut s’opérer que si une grande partie de la population s’implique afin de forcer le pouvoir politique et financier à changer les choses.Nous avons tous une responsabilité face aux dangers que représente notre mode de vie basé sur l’exploitation du pétrole. Chaque personne a la possibilité d’être cet acteur de changement. Les films Demainii et Qu’est-ce qu’on attend?iii, produits en France, peuvent nous inspirer vers ce changement.En terminant je fais le rêve que l’humanité dans un avenir proche va tourner le dos aux énergies fossiles et va entrer dans une nouvelle ère, celle de la transition énergétique et des énergies renouvelables. Nous n’avons pas le choix car la terre peut très bien survivre sans nous, comme le disait si bien Hubert Reevesiv il y a quelques années.Paul BibeauCitoyen de RepentignyMembre du Regroupement Vigilance Hydrocarbures QuébecLe 13 janvier 2017

iv « Une chose est sûre : la terre continuera à parcourir son orbite annuel et le soleil reviendra à chaque printemps faire fleurir les sous-bois. Mais le futur de l'espèce humaine est hautement incertain. » Hubert Reeves, Je n'aurai pas le temps, 2008, p. 280 et 281. http://www.hubertreeves.info/livres/jenauraipas.html

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