Pour en finir avec la culture du déni

M. Pierre Prud’homme, de Laval, démontre que le réchauffement climatique nous touche de beaucoup plus près qu'on le pense et qu’il nous faut mettre fin à la culture du déni qui nous fait retarder la mise en place de politiques de transition.

Pour en finir avec la culture du déni

En moins de deux semaines, la Gaspésie et la Basse-Côte-Nord ont connu deux événements météorologiques d’importance qui ont fait des ravages sur leurs côtes: fermeture de routes à la circulation, quai et promenade sérieusement endommagés à Percé, rue complètement rayée de la carte à Gaspé, commerces détruits, maisons endommagées à détruire ou à relocaliser, terrains disparus, infrastructures de chemins de fer détruites, mise en sécurité des sinistrés. «Les changements climatiques se font de plus en plus ressentir sur notre territoire», reconnaît la mairesse de Chandler, Mme Louisette Langlois.Pour nous aider à comprendre le phénomène, à son émission Midi info du 12 janvier dernier, M. Michel C. Auger a invité M. Réjean Porlier, maire de Sept-Îles, et M. Philippe Gachon, professeur de géographie à l’UQAM et spécialiste de l’évolution du climat. Avec eux, nous avons appris que le réchauffement climatique ayant réduit de façon significative la formation de glace sur le fleuve, l’absence de banquise le long des rives pour briser les vagues et la rareté des glaces au large pour réduire l’effet de la houle et la force des vagues ne contribuent plus à protéger les berges de l’érosion.De plus, la modification de la circulation des masses d’air à grande échelle multiplie la rencontre des phases froides et chaudes à l’origine de la fréquence des tempêtes. Nous assisterons dans les prochaines années à une augmentation de la fréquence et «plus particulièrement» de l’intensité des phénomènes météorologiques. Dans ce contexte, il est nécessaire de mettre fin à la culture du déni face aux changements climatiques.Combattre la culture du déniDans cette lutte contre la culture du déni, nos experts invitaient les pouvoirs publics à arrêter d’intervenir à la pièce pour se doter d’une vision à long terme dans l’adoption de stratégies de reconstruction qui tiennent compte des zones à risque.Or si les mesures d’adaptation s’avèrent nécessaires pour assurer la sécurité des citoyens et rentabiliser le plus possible les coûts de reconstruction, celles-ci n’agissent pas sur les causes des phénomènes climatiques provoqués surtout par la production, le transport et la consommation d'énergies fossiles.Le combat pour faire reculer la culture du déni relève de la responsabilité de tous: pouvoirs publics et citoyens. L’autorisation de l’exploration et de l’exploitation du pétrole sur l’île d’Anticosti ou ailleurs au Québec et la promotion du pipeline Énergie Est qui traverserait une bonne partie du Québec relèvent de la culture du déni. Il en est de même pour l’approbation par M. Trudeau de deux projets de pipeline sur la côte Ouest, dont le projet Kinder Morgan auquel la première ministre de la Colombie-Britannique, Mme Clark, a donné son accord il y a quelques jours.On le voit, les pouvoirs publics n’agiront que sous l’effet d’une parole citoyenne forte. Celle-ci passe par nos choix de consommation individuels et collectifs à faibles émanations de carbone, mais aussi en faisant pression sur nos dirigeants pour qu’ils adoptent de façon urgente des mesures de transition vers des énergies renouvelables qui s’avèrent de plus en plus compétitives et même économiques.Le combat contre la culture du déni se veut un combat pour une culture de vie et de confiance en l’avenir pour nos enfants et petits-enfants. Faisons-le nôtre.Pierre Prud’hommeLaval (Québec)Le 18 janvier 2017

Précédent
Précédent

Education for life

Suivant
Suivant

Ce qui pourrait advenir de nous