Lettre adressée à la Fédération des chambres de commerce du Québec
De bonnes raisons pour reconsidérer votre appui au projet Énergie Est
Un proverbe chinois dit : L'argent est une richesse morte, les enfants sont une richesse vivante. Quelle place les analyses et les prises de positioni de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) en matière de transport, de développement et d’exploitation des hydrocarbures au Québec accordent-elles à l’humain? Comment la FCCQ protège-t-elle la richesse vivante québécoise lorsqu’il s’agit de prendre des positions qui peuvent affecter les sept générations qui suivront?Dans ses récentes prises de position, la FCCQ minimise l’importance des risques environnementaux associés au projet de pipeline Énergie Est de TransCanada. Favorable à ce projet, elle se justifie en disant que la science et la technologie ont évolué. Pourtant, des exemples récents et inquiétants pourraient la contredireii.En juillet dernier, un pipeline de la compagnie Nexen a déversé 5 millions de litres de liquide bitumineux en Albertaiii. L’accident n’a pas été signalé par les outils automatiques. Que dire aussi de l’oléoduc Saint-Laurent de la société Énergie Valeroiv, qui connaît des problèmes de corrosion depuis son ouverture en décembre 2012?Nous vous invitons à prendre connaissance du mémoire Le projet Énergie Est : un cumul de risques inacceptablesv. Nous l’avons présenté cet automne à la Communauté métropolitaine de Montréal et avons reçu des commentaires très positifs des commissaires. Nous attirons particulièrement votre attention sur les pages 14 et 15 du document, où nous citons des chercheurs de l’Institut Polaris (Neuf raisons pour lesquelles nous devrions douter de ce que TransCanada nous dit)vi ainsi que l’équipe d’Écotechvii .Force est de constater que, contrairement à ce que vous pensez, les oléoducs ne représentent pas un moyen fiable, ni sécuritaire ni écologique pour le transport de grandes quantités de pétrole sale sur de longues distances. Ils ne bénéficient pas aux collectivités, qui en assumeront les répercussions climatiques et tous les risques environnementaux, mais plutôt aux actionnaires des compagnies.La lutte aux dérèglements climatiques est le plus grand enjeu moral et économique de notre siècle. Les grands projets d’hydrocarbures que la FCCQ favorise aujourd’hui coûteront beaucoup plus cher aux citoyens de demain qu’ils ne pourront leur rapporter. Ce faisant, tant et aussi longtemps que le pétrole fera partie de nos vies, il nous incombe de favoriser prioritairement une transition énergétique. De plus en plus de citoyens s’attendent à ce que le Canada et le Québec s’orientent vers une économie 100 % renouvelable d'ici 2050. Lors de la COP 21, la ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, a soutenu à Paris que l’objectif devrait être de limiter la hausse en cours à 1,5 degré Celsiusviii, comme le réclament une centaine d’États. L’atteinte d’une telle cible exigerait cependant d’éliminer les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2050, ce qui signifierait l’arrêt de mort des projets pétroliers au Canada.Tout comme les sages des Premières Nations, nous devons penser aux sept prochaines générations dans nos choix de société. Parce que les petits ruisseaux font les grandes rivières, nous avons soif de solutions et croyons que la FCCQ pourrait exercer un leadership plus positif. Il nous fera plaisir de venir en discuter avec vous, si vous le désirez.Alerte Pétrole Rive-Sud est un mouvement citoyen qui a pour mission de faire des pressions politiques et de sensibiliser la population quant à l'impact climatique de l'industrie des sables bitumineux, quant aux risques du transport de ce pétrole par trains, oléoducs et navires (eau potable, fleuve et autres cours d'eau, milieux naturels, terres agricoles, milieux de vie, sécurité) et quant à l'urgente transition énergétique.Marie DurandPour le comité de coordination d’Alerte Pétrole Rive-Sud16 décembre 2015
Références
ii . Clément Sabourin - Agence France-Presse, juil 2015. Alberta - La fuite de l’oléoduc relance le débat sur leur sécurité http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/445452/alberta-la-fuite-de-l-oleoduc-relance-le-debat-sur-leur-securite
iii La Presse Canadienne, juil. 2015. Alberta- L’oléoduc fuyait depuis 2 semaines. http://ici.radio-canada.ca/regions/alberta/2015/07/22/008-nexen-fuite-pipeline-ignore-cause.shtml
iv Kathleen Lévesque, fév. 2015. Pipeline Saint-Laurent: ouvert en 2012 et déjà rouillé. La Presse. http://www.lapresse.ca/actualites/201502/01/01-4840425-pipeline-saint-laurent-ouvert-en-2012-et-deja-rouille.php