Demande d’un BAPE sur l’implantation d’éoliennes en territoire agricole
M. Serge Giard, de St-Hugues, déplore que la population n'est pas suffisamment informée des impacts de l'installation d'éoliennes sur des terres agricoles.
Demande d’un BAPE sur l’implantation d’éoliennes en territoire agricole
L’information que les promoteurs d’éoliennes présentent aux agriculteurs ne reflète pas ce que sera la réalité sur le terrain une fois que l’industrie éolienne sera implantée dans le milieu. Les promoteurs ne parlent que des redevances de 40 000 $ et de l’emplacement possible de l’éolienne sur le terrain. On ne parle pas des 1 145 mètres cubes de béton, nécessaires pour construire une seule base d’éolienne, requérant le passage de 100 bétonnières. Le sol détruit par le passage des 100 bétonnières est l’équivalent de 2 hectares de terrain, perdus à jamais pour chaque éolienne construite, en majorité pour les chemins d’accès.
On ne dit pas non plus que le projet amènera l’installation future d’un champ de batteries pour l’entreposage d’électricité et, fort probablement, d’un poste de transformateurs de courant. On peut se demander si le fait de passer sous silence ce que sera la vraie réalité future, de la part des promoteurs, relève de la fausse représentation ou de l’oubli, peut-être volontaire.
Le travail du promoteur d’éoliennes auprès de certains agriculteurs se fait en catimini, en prenant bien soin de ne pas divulguer le projet. De 50 à 70 % des citoyens de la municipalité ne sont même pas informés d’un projet d’éoliennes dans leur paroisse. Le manque de respect de la part du promoteur envers les citoyens détruit la confiance. On peut se questionner sur ce qui pousse certains élus municipaux à liquider une partie de nos terres agricoles, qui nourrissent les Québécois, au profit des compagnies d’éoliennes.
Depuis la fondation de nos paroisses, les personnes qui nous ont précédées, malgré leur travail intense, ont su garder le sol agricole tel que nous le cultivons aujourd’hui. De quel droit, « au nom des générations futures », allons-nous aujourd’hui liquider en partie le sol agricole qui sert toujours à nourrir ses occupants? Un maigre 2 % du territoire québécois est cultivable. En comparaison, c’est 54 % du territoire qui est cultivable en France et 46 % aux États-Unis. En Amérique du Nord, c’est le Québec qui a la plus petite superficie cultivable par habitant, et l’on veut encore diminuer cette faible superficie pour l’installation des éoliennes? Nous, la population, réclamons un BAPE générique, afin d’étudier en profondeur comment le développement des éoliennes doit être mis en œuvre avec le minimum d’impact sur les terres nourricières du Québec. Un moratoire devrait être appliqué d’ici la fin de l’étude du BAPE.
Nous avons le devoir de transférer aux générations qui nous suivront notre sol agricole à sa pleine valeur agronomique et sa pleine superficie. Nous devons transmettre à ces générations l’héritage de l’autonomie alimentaire, malgré la diminution des rendements à l’hectare due aux changements climatiques. Le sol ne doit être ni morcelé ni liquidé par des gens qui font une mauvaise analyse de la valeur du sol cultivable parce qu’ils sont trop obnubilés par la recherche de profits. Un débat approfondi et impartial, tenant compte de tout le territoire québécois, est nécessaire pour toutes les municipalités du Québec.
Durant la pandémie, remarquant les tablettes vides dans nos supermarchés, des groupes de citoyens ont demandé des circuits courts, des marchés de proximité approvisionnés par des produits québécois. Pour y parvenir, nous avons besoin de sol arable pour cultiver ces produits!
Les éoliennes prévues sur le secteur agricole devraient plutôt être placées sur des terrains publics inhabités. Le choix de terrains publics permettrait de diminuer les redevances annuelles à verser aux propriétaires des terrains, selon le modèle actuel. En plaçant les éoliennes sur des terrains publics, cette économie pourrait servir à financer la construction d’une ligne de transport (peut-être souterraine) d’énergie produite plus loin des milieux habités et protéger ainsi notre 2 % de terres cultivables.
Serge Giard, agriculteur retraité
Saint-Hugues