M Poilievre et son monde imaginaire
M. Gérard Montpetit, de La Présentation, s'interroge sur comment M. Poilievre peut affirmer qu'une taxe fédérale inexistante au Québec pourrait faire augmenter « le coût de l'essence de 20 sous le litre ».
M Poilievre et son monde imaginaire
Lors d'une entrevue au micro de Mario Dumont, M Poilievre, chef du parti conservateur proclame que « Blanchet devient le valet de Trudeau » parce que celui-ci a appuyé le gouvernement libéral lors d'une motion de non-confiance portant sur la taxe carbone et sur le règlement portant sur les combustibles propres, et ajoute que «...Ça va augmenter le coût de l’essence de 20 sous le litre....» Accuser le gouvernement en place de tous les maux de la terre est de bonne guerre dans la joute politique partisane; inflation, coûts du carburant, inondations, sècheresses, feux de forêts, crise du logement, tout « est la faute à Trudeau »! Mais comme dit un proverbe Québécois; « Pousse, mais pousse égale ». Comment, diantre, est-ce qu'une taxe FÉDÉRALE sur le carbone, inexistante au Québec (et en Colombie-Britannique) ferait-elle «... augmenter le coût de l’essence de 20 sous le litre...» dans la belle province?
Certes, on peut reprocher beaucoup de choses au gouvernement de M Trudeau. Entre autres, son achat de l'oléoduc Trans Mountain et son intention d’en tripler la capacité; cette mésaventure a coûté plus de 35 milliards aux contribuables. Ça prend une capacité imaginative presque égale à celle ce M Poilievre pour affirmer que la vente éventuelle de cet éléphant blanc servira à financer la décarbonation de l'économie canadienne. D'ailleurs, toutes les subventions aux énergies fossiles font augmenter notre fardeau fiscal et surtout, retardent l'implantation de mesures efficaces pour réduire l’importance des changements climatiques.
N'en déplaise à M Poilievre, le problème n'est pas la taxe carbone; le problème est le dérèglement climatique. L'année 2023 a imposé toutes sortes de conditions météorologiques extrêmes aux habitants de la planète: températures caniculaires hors normes, fonte accélérée des calottes de glace des deux pôles et des glaciers andains, sècheresses, feux de forêt, inondations, ouragans, tornades, etc.. Selon l'organisation météorologique mondiale, cette année a battu tous les records; l'« Alerte rouge » a sonné! Ce qui interpellent les scientifiques, c'est qu'ils ne comprennent pas pourquoi leurs pronostics, fondés sur des simulations informatiques, sont en deçà de la réalité observée.
Cette réalité climatique terrifiante devrait être la manchette de tous les médias et figurer à la une. Pourtant, on ne parle que de la motion de censure conservatrice au sujet de la taxe FÉDÉRALE sur le carbone. Dans les faits, 8 familles sur 10 reçoivent une ristourne gouvernementale supérieure au coûts plus élevé de leur carburant. Pourtant, M Poilievre n’en dit mot! Cette taxe fédérale n'est imposée que dans les provinces qui sont gouvernées par des dinosaures politiques qui refusent de composer avec la réalité climatique. Le Québec a sa bourse du carbone tandis que la Colombie-Britannique a sa propre taxe. En conséquence, la taxe fédérale sur le carbone ne s'y applique pas puisque ces deux provinces sont gouvernées selon un « gros bon sens » climatique qui échappe à M Poilievre.. Même si les politiques énergétiques et économiques de ces deux provinces sont loin de répondre adéquatement à l'urgence climatique, les mécanismes de taxation et d'échange de crédits de carbone qu'elles ont mis en place constituent des avancées cohérentes en matière de décarbonation.
On ne peut blâmer M Blanchet d'appuyer la timide taxe fédérale qui s'applique uniquement dans les huit provinces récalcitrantes. Et puis, M Poilievre devrait nous expliquer d’une manière claire, logique et rationnelle comment une taxe inexistante au Québec pourrait faire augmenter le « coût de l'essence de 20 sous le litre ». L’obsession maladive de ce candidat au poste de Premier ministre pour une taxe fédérale fictive nous fait voir à quel point il est un obscurantiste obnubilé par le monde imaginaire des gentilles énergies fossiles.
Gérard Montpetit
le 27 mars 2024