Hydrogène vert… Les gazières se débattent comme des diables dans l’eau bénite
Les gazières sont présentement sur tous les fronts. Après GNL Québec où on tentait de faire financer l’exportation de gaz de schiste liquéfié avec notre hydroélectricité pour le mettre en marché comme « LE GAZ LE PLUS VERT »; l’hydrogène est à l’honneur.
Sophie Brochu, ex-pdg de Énergir a été nommée pdg de Hydro-Québec; depuis son arrivée les gazières ont les coudées franches. Cette saga de liquéfaction pour l’exportation de gaz vert n’était que le premier acte. La loi 34, passée sous bâillon face à une opposition générale, loi qui réduit les pouvoirs et l’accès à l’information pour la Régie de l’énergie était parfaitement conforme au vœu traditionnel si cher aux gazières. C’est-à-dire compétitionner avec le prix de l’électricité en maintenant une croissance continue, indexé à l’inflation pour un gaz de schiste qui reste compétitif. Puis l’acte suivant, l’annonce d’un partenariat Énergir et Hydro, et la décision commune du remplacement des vieux brûleurs au gaz par le bi-énergie. L’utilisation du gaz de schiste américain en période de pointe sera une POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE VERTE permettant la fiabilité du réseau hydroélectrique. Les stratèges des gazières imbriquent le gaz et son infrastructure de distribution dans la politique énergétique du Québec. Un geste de survie.
Le méthane émis par le cycle gazier est parmi les pires facteurs de production de GES. En période de profonds bouleversements climatiques, quoi de mieux pour les gazières, moteurs de la politique énergétique canadienne, que de se coller à Hydro-Québec pour verdir leur image.
L’ « hydrogène vert », c’est la dernière trouvaille des gazières! Elles doivent justifier leurs infrastructures de distribution, et surtout le fait que ces canalisations sont pratiquement toujours financées par l’État. Elles poussant l’état québécois contre son intérêt à investir massivement dans cette filière en intégrant une portion d’hydrogène dans le réseau de distribution de gaz. Ainsi on arrive à faire croire à l’avenir du gaz et des canalisations; et à un hydrogène compétitif. L’hydrogène vert gaspillera d’imposants volumes d’électricité avec une tarification préférentielle, et avec sa mise en marché en sous-produits ajoutés au gaz de schiste, utilisera une mise en marché « couleur verte ».
Cette voie est probablement la moins efficace pour l’utilisation de notre hydroélectricité. Et dans l’acte final, pour un prix abordable, on devra produire une bonne partie de l’hydrogène avec du gaz et des combustibles fossiles. On laisse poindre l’exportation massive d’hydrogène vert, ou disons partiellement vert car les combustibles fossiles devront contribuer à réduire les coûts (hydrogène vert, bleu, rouge et qui sait!). Sinistre fumisterie!
Le problème avec ce mythe de l’hydrogène, et surtout de l’hydrogène vert, c’est le retard que cumule le Québec avec le développement des énergies propres et renouvelables. On a privatisé et attribué dans le cadre de contrats d’affaire contre-nature. Tout a été fait pour accoler une image négative et de non rentabilité aux énergies produites par les mini-centrales, les parcs éoliens, et maintenant le solaire et la géothermie. Que dire des premiers résultats sur les micro-réseaux intelligents auxquels les chercheurs d’Hydro n’ont pas été foutus d’intégrer la géothermie… Les premiers résultats de l’expérience exclusivement solaire parlent d’autonomie nulle du réseau Mégantic, en décembre et janvier. En aurait-il été ainsi si on avait simplement intégré la géothermie? La destination de ces recherches sur la mise en œuvre du renouvelable est-elle le privé? Ou Énergir, qui est dans le renouvelable en Nouvelle-Angleterre?
Bref, la politique des coûteux contrats d’approvisionnement avec les amis, combinée au soutien continu pour les aspirations des gazières continuent à plomber le développement des énergies alternatives et une véritable décarbonisation accélérée du Québec. Hydro-Québec semble toujours considérer les filières renouvelables comme secondaires et relevant essentiellement du privé (Boralex, Inergex,….). Ces deux entités devraient d’ailleurs être nationalisées.
Malheureusement depuis le projet de loi 34 visant à « simplifier la tarification énergétique » on voit l’ironie politique ici; la Régie de l’Énergie qui faisait office de contrepouvoir, n’a à peu près plus de pouvoir. Tout se décide entre le gouvernement, les gazières et la haute direction de Hydro. L’indexation à l’inflation est la voie simple.
La question qui se pose avec de plus en plus d’acuité ici est la suivante…
Pour qui travaille la haute direction de Hydro-Québec?
Les Québécois, le gouvernement ou les gazières?
Normand Beaudet
Leclercville. Québec