Chaque enfant compte! … Vraiment?
Madame Annie Koutrakis
Députée de Vimy
Parlement du Canada
Madame,
Ma lettre fait suite à votre infolettre « Nouvelles de Vimy » du 15 novembre dernier que vous avez fait parvenir à tous les citoyens et citoyennes de votre comté, dont je suis.
Dans celle-ci, sous le sous-titre « Chaque enfant compte », vous nous rappelez que la Journée nationale de l’enfant aura lieu le 20 novembre prochain et vous nous invitez à porter un ruban bleu comme signe de la nécessité de « garantir les droits fondamentaux de chaque enfant et de s’assurer que la voix de chacun d’eux soit entendue pour qu’ils puissent réaliser leur plein potentiel ».
Je ne doute aucunement de votre bonne foi et je vous remercie de nous rappeler l’importance de cette Journée. Mais permettez-moi de questionner la cohérence des politiques de votre gouvernement.
Au lendemain de la COP 26, alors qu’ont été rappelées la gravité de la crise climatique et l’urgence de désinvestir des énergies fossiles; quelques semaines après que le Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies eut adopté une résolution reconnaissant la crise climatique comme principale menace à l’ensemble des droits humains, y inclus ceux des enfants qui seront touchés en priorité à cause de leur vulnérabilité; et après de multiples appels du GIEC (Groupe international d’experts sur l’évolution du climat) et autres institutions internationales à, en priorité, désinvestir des énergies fossiles, votre gouvernement continue à investir des milliards de dollars dans le pipeline TransMountain et dans les compagnies gazières et pétrolières.
Vous appelez à ce que « la voix de chaque enfant soit entendue ». Mais, chère madame, les enfants, d’ici et d’ailleurs, parlent déjà! Ils crient, ils vocifèrent! Ils sont de plus en plus nombreux à descendre dans la rue, à tout âge, pour faire entendre leurs voix! Pour toute réponse? Des objectifs de décarbonisation qui n’ont jamais été respectés par votre gouvernement et des mesures qui ne permettront pas de limiter l’augmentation de la température du climat à 1,5°C, condition essentielle, selon les scientifiques, pour ne pas perdre le contrôle sur le climat. Cela s’apparente à une surdité… assourdissante!
Je partage votre avis quand vous affirmez que « notre avenir dépend du développement sain de nos enfants et de la protection de nos familles». Mais il est illusoire de penser qu’un tel développement soit possible dans le contexte généralisé d’éco-anxiété qui prévaut actuellement.
Je compte sur vous pour demander (exiger?) que toutes les politiques sociales et économiques adoptées par votre gouvernement soient évaluées à l’aune de deux critères incontournables pour un « développement sain » : un fort sentiment de sécurité et une solide confiance en l’avenir.
À l’évidence, les énergies fossiles ne rencontrent pas ces critères.
Pierre Prud’homme
Laval