Lac-Mégantic dans la peau
Lac-Mégantic dans la peau
Comme à peu près tous les Québécois, j’ai été profondément marqué par la tragédie de Lac-Mégantic le 6 juillet 2013. Les images qui ont déferlé sur nos écrans m’ont chamboulé. La détresse des citoyens m’a touché. À tel point que par respect pour la population, j’ai évité d’aller faire mon tour pour sentir la scène.
Deux ans plus tard, le 4 juillet dernier, j’y suis retourné pour marcher dans les rues afin de souligner le triste anniversaire de la tragédie. Nous étions environ 300 personnes à marcher presque silencieusement dans la rue principale vers le site du déraillement. La tension était palpable parmi les marcheurs. On sentait que la douleur était toujours présente, que le deuil était loin d’être fait et que les gens avaient les yeux baissés en signe de résignation.
Voilà que la semaine suivante, quelques citoyens inquiets de voir le déroulement des travaux et de la suite des choses demandent à un expert indépendant de venir donner son avis sur l’état de la voie ferrée. J’y étais. Je ne suis pas un expert, mais l’état de délabrement de la voie m’a semblé tellement évident que je peine à imaginer que des trains transportant des matières dangereuses comme du propane puissent l’emprunter. Une photo vaut mille mots selon la maxime. Alors regardez bien celle jointe à cet article et dites-moi honnêtement si tout est normal, s’il n’y a aucun danger.
La réaction de la compagnie qui est propriétaire de ce tronçon est de menacer de poursuite l’expert qui est venu constater le triste état de la situation. Au lieu de faire son mea culpa, elle sort la menace dans le but de bâillonner les citoyens inquiets. Et pourtant! L’air sent toujours le pétrole au centre-ville de Lac-Mégantic pendant les journées chaudes. Deux ans plus tard, avec les milliers de tonnes de terre déplacées et les travaux de reconstruction qui ont été faits, ça sent encore le goudron! Lors de notre visite, il faisait 29 degrés et une odeur désagréable flottait dans l’air. Comme si les travaux en cours ne suffisaient pas à rappeler l’horreur vécue. Et en plus, on veut faire taire des gens dont l’inquiétude est plus que légitime. J’ai maintenant Lac-Mégantic dans la peau!
Jacques Tétreault
Coordonnateur général RVHQ