La menace de l’Albertosaurus
La menace de l’Albertosaurus![1]
On se croirait dans le film Une nuit au musée.[2] Dans ce film de science-fiction comique, les squelettes des animaux empaillés s’animent durant la nuit pour faire du grabuge au grand désespoir du gardien de nuit. Ici, sorti tout droit du « Royal Tyrrell Museum » de Drumheller en Alberta[3], un Albertosaurus dénommé Jason Kenney « veut financer un mouvement social pro-pétrole au Québec ».[4] À moins d’un mois de la COP 26 de Glasgow, ce Premier ministre albertain n’a pas compris que les énergies fossiles sont périmées!
Ainsi, le Centre de l’énergie canadienne (CEC), aussi connu sous le nom de « war room », veut lancer une offensive médiatique de cinq millions de dollars pour « changer la conversation » et « créer un mouvement social » afin de contrer la perception négative du secteur canadien de l’énergie. Non seulement cette campagne médiatique vise large au Canada et aux États-Unis, mais le Québec est une cible de choix. En effet, le « CEC demande spécifiquement d’avoir une présence locale au Québec »![4] L’appel d’offres pour cette campagne publicitaire sera payé par les contribuables albertains.[5]
L’Albertosaurus n’en est pas à une contradiction près! Le CEC devait enquêter sur de supposées interférences étrangères dans les affaires albertaines, mais il veut s’ingérer dans la perception négative que les Québécois ont des énergies fossiles. L’Albertosaurus proposait déjà à ses partisans d’organiser un référendum pour réduire la péréquation que les Québécois, les supposés « spoiled brats of Confederation » (bébés gâtés de la confédération!), recevraient injustement.[6] Après avoir pompé ses partisans à bloc contre les Québécois, comment expliquer une attaque subite d’amour pour ceux-ci? Enfin, qui sont les vrais « spoiled brats of Confederation »? On pourrait rappeler à M. Kenney que le fédéral et les provinces ont dépensé environ 23 milliards de nos impôts en trois ans pour des pipelines comme Trans Mountain qui servent ses desseins![7]
L’Albertosaurus aurait-il oublié que la très conservatrice Agence internationale de l’énergie (AIE) a recommandé de renoncer à tout nouveau projet pétrolier?[8] Et avec sa mémoire de « fossile », il aurait également oublié que le dernier rapport du GIEC est un code d’alerte rouge pour l’humanité![9] Nous n’avons pas le choix, il nous faut réduire dramatiquement la combustion d’énergies fossiles!
En grande partie à cause des politiques extractives albertaines, le Canada est un des pires émetteurs de gaz à effet de serre (GES). Per capita, selon la méthode de calcul employée, nous sommes soit le pire producteur de GES, soit le deuxième pire au monde![10] Merci, M Kenney!
Chercher un bouc émissaire est plus facile que de s’adapter à la situation présente. Les dirigeants albertains doivent regarder honnêtement la situation.[11] S’entêter à poursuivre l’extraction des énergies fossiles ayant pour effet d’exacerber les changements climatiques est un non-sens. Il n’y a pas de plan B; il faut faire une transition vers les réalités économiques et écologiques du 21e siècle.[12] Le pétrole, c’est le passé! Tout comme une locomotive à vapeur, ça se dirige lentement mais sûrement vers un musée!
Dans le film Une nuit au musée, l’Albertosaurus peut essayer de terroriser le gardien de nuit en simulant des attaques terrifiantes. Ça fera rire les ados pendant la projection du film. Pour le bien de l’humanité, Fort McMurray au nord doit devenir un musée comme celui de Drumheller au sud de l’Alberta. Au petit matin, l’Albertosaurus redeviendra obligatoirement ce qu’il est en réalité : un squelette empaillé qui représente le passé. C’est un « has been » d’un monde qui a connu un moment de gloire au siècle dernier!
Gérard Montpetit
membre du CCCPEM
1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Albertosaurus
2] https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Nuit_au_musée
3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Musée_royal_Tyrrell_de_paléontologie
5] https://globalnews.ca/news/8157924/canadian-energy-centre-war-room-advertising-campaign/
11] https://www.nationalobserver.com/2021/03/31/opinion/albertans-honest-conversation-future-oil-gas