MERCI AUX WET’SUWET’EN!

La controverse suscitée par les blocages des voies ferrées masque le fait que la résistance des Wet'suwet'en à la construction d'un gazoduc sur leurs terres est un geste d'une grande portée. Denise Campillo, de Roxton Falls, tient à remercier ses concitoyens autochtones de mener ce combat.

MERCI AUX WET’SUWET’EN!Remercier les Wet’suwet’en? Quelle drôle d’idée!Et pourtant…Les Wet’suwet’en ne font pas que défendre (légitimement) leur territoire et leurs droits ancestraux.Ils s’opposent à la construction d’un gazoduci qui acheminerait du gaz naturel (essentiellement du gaz de schiste) vers une usine de liquéfaction en vue de son exportation. Ce faisant, ils visent à freiner l’extraction d’hydrocarbures fossiles, source importante d’émissions de gaz à effet de serre (GES).Nous sommes dans l’urgence climatique. Tout le monde, ou presque, le sait, et cherche à agir, chacun à son échelle. Le problème, c’est que ceux qui se trouvent en haut de l’échelle, les pouvoirs publics, ne semblent pas savoir que faire, à part des promesses et de grandes déclarations creuses.Les Wet’suwet’en nous donnent une leçon : en agissant à leur échelle, ils sont en train d’ébranler nos certitudes et de susciter une mobilisation inattendue d’un bout à l’autre du Canada, et même ailleurs dans le monde.Ébranler nos certitudes? Le blocus des voies ferrées montre à quel point notre système économique, fondé sur les exigences du marché, est fragile. Importations et exportations sont bloquées dans les ports; le transport des marchandises et des personnes, les réseaux de distribution des matières premières, des produits finis et des aliments sont au ralenti. Nous devons réduire nos attentes et notre consommation pour les semaines qui viennent. Horreur! La croissance et le PIB vont en souffrir!Pourquoi ne pas en profiter pour réfléchir à notre avenir commun? Penser à une forme de décroissance, de modération, de transition vers un mode de production et de consommation à plus petite échelleii? Pendant que nous en avons encore le loisir, redéfinir nos priorités : assurer un mode et un milieu de vie sains pour nos descendants, et pour cela freiner les activités toxiques et protéger autant que possible les territoires, les eaux et l’air?Et faire passer le message : nos pouvoirs publics doivent agir en dirigeants conscients et responsables, pas en marionnettes des lobbys. Ils doivent aider les provinces qui en ont besoin, non pas en stimulant le développement des secteurs pétrolier et gazier, mais en soutenant la reconversion énergétique et économique. Et ils doivent, immédiatement, ordonner la suspension des travaux du pipeline Coastal Gaslink. Cette première étape ouvrirait la voie à une réflexion sur les véritables enjeux du conflit.Les moyens d’action des citoyens sont nombreux. Exprimons-nous, sans craindre d’aller jusqu’à la désobéissance civile, comme le prônent un millier de scientifiques françaisiii.Le temps est aussi venu de laisser parler et agir les Premières Nationsiv. Nos concitoyens autochtones, qui ont su, contre vents et marées, préserver leur culture et leur attachement à la Terre, nous montrent le chemin. Nous habitons le même territoire fini et menacé, et leur combat est le nôtre.Merci aux Wet’suwet’en!Denise CampilloRoxton FallsLe 21 février 2020 
i Origin of gas (“where does the gas come from”) Open house attendees in Bear Lake, Terrace.The proposed pipeline will transport natural gas from northeast BC shale gas regions as well as other regions within the Western Canadian Sedimentary Basin. The pipeline will originate in the Montney gas-producing region near Dawson Creek. BC has an abundance of natural gas resources. Finding new global markets for BC natural gas will ensure continued economic opportunity for the province and its northern communities. https://projects.eao.gov.bc.ca/api/document/58868fbfe036fb01057686b4/fetch

 

Denise Campillo

Artiste-peintre de renom établie à Roxton-Falls, en Montérégie, Denise Campillo contribue de multiples façons à la lutte aux changements climatiques, notamment par son engagement à titre d’adhérente au RVHQ.

Née en Algérie en 1949, Denise Campillo a grandi et étudié en France, puis a immigré au Canada en 1974. Elle vit depuis 1980 au Québec, où elle a pris racine.

Issue d’un milieu modeste mais valorisant l’étude, les sciences et les arts, sa famille l’a poussée vers l’université où elle a obtenu des diplômes en langue et littérature anglaises, en enseignement, en traduction. Elle a enseigné à divers niveaux et fait carrière en traduction scientifique.

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Décroissance forcée?