Mon p'tit jus de batterie
M Montpetit de La Présentation demande au ministre de l'environnement de rédiger des normes sévères en ce qui a trait aux rejets d'eau dans la rivière Richelieu par l'usine Northvolt; il ne veut pas boire du p'tit jus de batterie.
Mon p'tit jus de batterie
Benoit Charette,
Ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
Monsieur le Ministre,
Dans l'actualité, je viens de voir que la méga-usine de batteries Northvolt a demandé l'autorisation de prélever de l'eau de la rivière Richelieu et de l’y rejeter après usage. Cela me préoccupe car l'eau de mon robinet provient de l'aqueduc géré par la Régie de l’aqueduc intermunicipale du Bas-Richelieu (AIBR). La prise d'eau de mon aqueduc est située à Saint-Denis, soit une vingtaine de kilomètres en aval de Northvolt. De plus, lorsque le vent soufflera du sud-ouest, je serai dans le panache pour respirer le bouquet des arômes d'air qui provient de cette usine. J'avoue être choyé par cette charmante attention de Northvolt!
Radio-Canada nous apprend qu'en Suède, l'usine-soeur de Northvolt rejette, entres autres « du nickel, du cobalt et du lithium ». J'apprends également qu'au Québec, il n'existe actuellement « aucune norme qui encadre le niveau acceptable de ces substances dans l'eau potable. ». Comme si ce n'était pas assez troublant, le professeur Benoit Barbeau ajoute que le « lithium a des effets sur la santé mentale à des concentrations assez faibles ».. Monsieur le Ministre, je vous demande de me rassurer! Est-ce que les nouvelles normes que votre ministère va rédiger seront assez sévères pour préserver la santé physique et mentale des habitants de la vallée du Richelieu?
Est-ce que la santé financière de la grande industrie doit avoir la priorité sur la santé des riverains? Nous nous sommes posé cette question lorsque votre ministère a modifié les règles pour que Northvolt échappe à l'obligation légale d’être soumis à un examen public du BAPE. En effet, ce BAPE aurait répondu à de nombreuses questions dont celles au sujet des nouvelles normes requises pour connaître les niveaux acceptables de nickel et de lithium dans l'eau. Mais la nécessité d'une décision rapide et la facilité administrative ont incité votre gouvernent à un contournement des règles, malgré les demandes citoyennes.
Ces nouvelles normes que votre ministère doit établir respecteront-elles le principe de précaution en ce qui a trait aux quantités de contaminants tolérables dans l'environnement? Si on se fie au précédent de la fonderie Horne à Rouyn-Noranda, votre gouvernement a haussé « la norme quotidienne de nickel de 14 ng/m3 à 70 ng/m3, et a adopté une norme annuelle de 20 ng/m3. » Ce changement de normes a suscité de vives critiques des 18 directions régionales de santé publique du Québec, du Collège des médecins du Québec et de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement qui se sont, complètement opposés à l’augmentation des normes. Radio-Canada nous apprend aussi qu'en 2021, avec ces normes « relaxes », la fonderie Horne a rejeté dans l'air de Rouyn-Noranda plusieurs contaminants, dont 36.5 tonnes d'arsenic, 97,4 tonnes de nickel, 6,4 tonnes de chrome et 39,4 tonnes de zinc.
Par définition, des batteries sont fabriquées à partir de matériaux qui réagissent entre eux pour stocker de l'électricité, puis la transmettre sur demande.[6] À Rouyn-Noranda, vous avez écouté les doléances de Glencore et de ses lobbyistes pour permettre des normes complaisantes pour la compagnie. Et pour Northvolt, les normes de votre ministère seront-elles dictées par vos conseillers scientifiques? Ou seront-elles dictées par les lobbyistes de la compagnie? Votre ministère saura-t-il résister au chant des sirènes de l'industrie. Voyez-vous, Monsieur le Ministre, lorsque j'ouvre mon robinet, je ne veux pas boire un cocktail dont l'ingrédient principal est composé d'un p'tit jus de batterie.
Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour ces normes qui sauront sauvegarder notre santé
Gérard Montpetit
Citoyen de La Présentation qui boit l'eau de l'AIBR
le 24 août 2024