Une p'tite vite ou l'art de profiter d’une pandémie pour favoriser les intérêts pétroliers
M Gérard Montpetit s'indigne que le lobby pétrolier profite de la pandémie pour tenter d'obtenir des faveurs inacceptables. Après la pause, notre société devra choisir d'investir pour revenir à l'économie d'hier, ou d'investir dans l'économie de demain.
Une p'tite vite ou l'art de profiter d’une pandémie pour favoriser les intérêts pétroliers
Le Québec et le Canada sont « sur pause » depuis la deuxième semaine de mars à cause de la Covid-19. Pour aplanir la courbe de la propagation, il faut des mesures sanitaires sévères dont la distanciation. Cela implique l'annulation de tout rassemblement et la fermeture des écoles et de nombreux commerces. Des millions de personnes deviennent des chômeurs du jour au lendemain. Pour éviter une dépression économique pire que celle des années trente, les gouvernements doivent aider les personnes et les entreprises avec des programmes d'aide improvisés. Dans cette situation, il y des groupes qui profitent de l'urgence causée par la pandémie pour nous en passer « une p'tite vite » qui aura des conséquences à long terme.En effet, le lobby pétrolier veut profiter de la pandémie pour obtenir un buffet ouvert. Selon l’organisme Environmental Defence, l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) a fait 30 demandes au ministre des Ressources naturelles, M. O’Regan, et à d'autres ministres du cabinet Trudeau, lesquelles visaient notamment « à ce que la norme sur les carburants propres qui est en cours d’élaboration pour réduire les émissions de carbone et la pollution atmosphérique ne soit pas finalisée; que les réglementations fédérales sur le méthane soient retardées ou qu’on laisse les réglementations provinciales faibles prendre leur place; que les engagements du gouvernement de réformer la Loi canadienne sur la protection de l’environnement soient annulés ou, encore, que l’augmentation prévue du prix fédéral sur le carbone soit suspendue. »[1] Les mêmes pétrolières font aussi des demandes de réductions d'impôt et de subventions à coups de milliards de dollars! Un chausson aux pommes avec ça?Et comme si ce n'était pas assez, Greenpeace nous apprend dans un courriel que « les responsables de l’industrie demandent également au gouvernement fédéral d’abolir les règles qui les obligent à rendre publiques leurs activités de lobbying. En d’autres termes, les pétrolières ne souhaitent pas que la population soit mise au courant de ses tentatives d’influencer le gouvernement pour promouvoir ses intérêts. » [2] Et moi qui étais assez naïf pour croire que la transparence est un outil essentiel au sein d'une démocratie!!!Ce n'est pas tout! Le gouvernement de M. Trudeau poursuit ses démarches pour accélérer les forages en milieu marin. Alors que nous sommes tous aux prises avec la pandémie, le gouvernement fédéral « mène présentement une consultation publique dans le but d’éliminer les évaluations environnementales exigées pour les forages exploratoires à l’est de Terre-Neuve. Au moins 100 de ces forages sont envisagés d’ici 2030.»[3] Accepter ça, ce serait donner carte blanche à l'industrie pour polluer les grands bancs de Terre-Neuve pendant dix ans! En cas d'accident, toute l'industrie de la pêche pourrait être compromise!Laisser l'industrie « s'autoréglementer » en matière d'environnement, c'est comme demander à un multirécidiviste de l'alcool au volant d'être assez responsable pour conduire en toute sobriété! On vu ce que ça donne lors du désastre du golfe du Mexique en 2010. C’est ce que rappelle M. Donald Boesch, un membre de la commission chargée par le Président Obama d’enquêter sur le désastre de Deep Water Horizon : « La commission a constaté que de multiples erreurs identifiables ont causé l'éruption. Notre rapport a jeté le doute sur la façon dont la sécurité a été abordée dans l'ensemble de l'industrie pétrolière offshore et sur la capacité du gouvernement à la réglementer. » Et M Boesch d’ajouter : « Selon moi, la leçon essentielle de Deepwater Horizon est que l'industrie et le gouvernement devraient mettre toute leur énergie dans la prévention des accidents opérationnels, des éruptions et des rejets. Pourtant, l'administration Trump met l'accent sur l'augmentation de la production et la réduction des réglementations. Cela compromet les améliorations apportées à la sécurité au cours des dix dernières années. »[4] En suspendant les évaluations environnementales prévues pour les activités pétrolières au large de Terre-Neuve, est-ce que le gouvernement Trudeau veut en passer une p'tite vite pour lui permettre d’aller dans le même sens que M. Trump? Pour sortir de la crise créée par la pandémie, notre société et M. Trudeau avons un choix à faire, comme le souligne le chef du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), M. Achim Steiner : « Vous avez la possibilité soit d'investir pour revenir à l'économie d'hier, soit d'investir dans l'économie de demain. »[5] Quel choix ferons-nous en ces temps de crise? Gérard Montpetitmembre du Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutainle 27 avril, 20201] https://www.journaldemontreal.com/2020/04/17/covid-19-le-lobby-petrolier-tenterait-de-profiter-de-la-pandemie, et https://d36rd3gki5z3d3.cloudfront.net/wp-content/uploads/2020/04/COVID-19-Regulatory-Request.pdf?x555882] https://mail.google.com/mail/u/0/#inbox/FMfcgxwHMsZhtdCMdNkBLWfCpSgtLMJM3 ]https://www.ledevoir.com/societe/environnement/575559/le-gouvernement-trudeau-veut-accelerer-les-forages-petroliers-en-mer4] https://www.desmogblog.com/2020/04/15/10-years-deepwater-horizon-explosion-offshore-drilling-unsafe?utm_source=DeSmog%20Weekly%20Newsletter5] http://feedproxy.google.com/~r/ClimateHome/~3/Qxq48FG3Rc8/