L’assurance
M Montpetit constate que le coût des dérèglements climatiques amène les compagnies d'assurances à exiger des primes exorbitantes ou à se retirer de certains États comme la Californie. L''impossibilité de s'assurer devrait confondre les climatosceptiques.
L'assurance
La politique de l’autruche qui plonge sa tête dans le sable peut sembler être un analgésique temporaire à l’écoanxiété. Mais quoi qu’en disent le Président Trump, de nombreux conservateurs et tous les climato-négationnistes de la droite radicale, ignorer les changements climatiques ne les fera pas disparaître! Plus les grands de ce monde attendent pour faire face à cette réalité, plus le réveil sera brutal pour tous![1]
En 2024-2025, la liste des désastres climatiques est longue. Pensons aux incendies de Jasper en Alberta et dans la ville de Los Angeles, et aux ouragans Milton et Helene. Ici, dans la région de Montréal, on se souvient que le 9 août dernier, nous avons été accablés lorsque les pluies diluviennes de Debbie ont inondé nos rues et que l’eau s’est introduite dans nos sous-sols. Mais c’est de la « p’tite bière » si on compare ça aux inondations en Australie, où une superficie grande comme le Texas a été recouverte d’eau durant l’automne austral! [2]
Le coût de ces désastres est énorme tant sur le plan humain que financier. Selon le Bureau des assurances du Canada, l’ouragan Debbie a coûté 2,5 milliards de dollars; donc, cette tempête « se classe maintenant comme l'événement climatique le plus coûteux de l'histoire du Québec, surpassant même la tempête de verglas de 1998.»[3] Quant aux ouragans Helene et Milton qui ont frappé le sud des États-Unis, Bloomberg croit que le coût financier pourrait dépasser 50 milliards de dollars, américains bien évidemment.[4]
Même avant les désastres évoqués plus haut, dès le 6 mai 2024, dans l’introduction de son allocution, le sénateur Sheldon Whitehouse, alors président du comité sénatorial du budget des États-Unis, déclarait : « Le risque climatique rend les propriétés non assurables. Sans assurance, il est impossible d’avoir une hypothèque. Sans hypothèques, la valeur du marché immobilier s’effondre. L’effondrement du marché immobilier démolit l’économie. » Et plus loin, il s’interroge sur les effets de l’effondrement du marché de l’assurance dû aux coûts de ces désastres ou tout simplement du prix exorbitant des primes d’assurance. Il donne un exemple éloquent : en Floride, le propriétaire d’une maison paie en moyenne une prime annuelle de 6 000 dollars. D’autres doivent se contenter d’une assurance de dernier recours appuyée par l’État (Citizens Property Insurance) qui offre une couverture inadéquate avec des primes hors prix. Mais en cas de désastre majeur, ces assurances de dernier recours seront incapables de payer ne serait-ce qu’une infime partie des coûts réels; l’État et les citoyens écoperont de cette mésaventure.[5]
La situation est tellement grave que des compagnies comme Farmers, Allstate, USAA et State Farm refusent tout nouveau client dans des États comme la Californie. Et après les feux de cette année, « sept des douze compagnies les plus importantes ont imposé des restrictions très sévères aux propriétaires ou dans certains cas presque décuplé le coût des primes. »[6]
Contrairement aux climato-négationnistes, les actuaires ont les données pour connaître véritablement la situation. Le but de l’assurance, c’est de gérer les risques. Mais les changements climatiques rendent cette gestion quasi-impossible. Il faut renforcer nos infrastructures pour les rendre capables de résister aux colères de Dame Nature. C’est pourquoi la lettre que des maires ont adressée aux cinq partis politiques arrive à point. Selon eux, pour répondre aux menaces tarifaires de Trump, la diversification de nos marchés ne passe pas par la construction de pipelines et de structures qui avantageraient les « énergies conventionnelles ». Ce genre de réponse aggraverait une situation climatique déjà alarmante. Au contraire, il faut favoriser notre économie en aidant nos municipalités à faire face aux dérèglements de notre climat.[7]
En cette période perturbée, nous avons besoin d’être rassurés. Mettre nos infrastructures à l’heure des catastrophes climatiques comme stratégie pour faire face aux tarifs trumpiens est une excellente prime d’assurance. En cette période électorale, espérons que les candidats de tous les partis politiques prêteront l’oreille à la suggestion constructive et pleine de bon sens de Mme Valérie Plante et des autres édiles municipaux.
Gérard Montpetit
La Présentation, Qc
le 17 avril 2025