Le fardeau des jeunes, l’héritage du néolibéralisme et les hydrocarbures

Mme Denise Campillo, de Roxton Falls, met en question les attitudes qui nous maintiennent dans l'ornière de la pétroéconomie.

Le fardeau des jeunes, l’héritage du néolibéralisme et les hydrocarbures

Alors qu’Haïti vient d’être dévasté une fois de plus, que l’ouragan Matthew s’en prend aux côtes des États-Unis, que partout dans le monde les événements météorologiques extrêmes se font plus fréquents et plus violentsi, il fait beau comme jamais au Québec! L’arrière-saison est douce, on mange encore des fraises locales, les marchés débordent, et les viticulteurs voient l’avenir avec optimisme. Les changements climatiques auraient-ils du bon pour nous? Pourquoi s’en faire?La vie est belle, l’essence pas chère. Achetons des gros véhicules, explorons les ressources pétrolières et gazières du Québec, construisons des oléoducs et des gazoducs pour amener de l’Ouest le pétrole des sables bitumineux et le gaz de schiste.C’est le discours que tiennent, sans arrière-pensée, les tenants du développement néolibéral, qu’il s’agisse de certains de nos élus ou des représentants du monde des affaires. C’est ainsi qu’une coalition patronale-syndicale se porte à la défense d’Énergie Estii. C’est ainsi qu’on veut forer, fracturer, tirer du sous-sol québécois du pétrole et du gaz de schiste. Cet aveuglement résistera-t-il à la prochaine tornade, à la prochaine inondation, à la prochaine sécheresse, au prochain incendie de forêt, à la prochaine tempête hivernale, qui dévasteront nos rivages et nos territoires?Il faut pourtant le répéter encore : la lutte contre les changements climatiques est incontournable; la croissance économique néolibérale qu’on nous impose n’est pas une nécessité mais un fléau. Nous devons repenser notre rapport au développement et surtout nous demander ce que les générations futures vont faire de l’héritage toxique que nous leur laissons.Les pessimistes et les fatalistes diront : il est trop tard, et nous n’allons rien laisser aux générations qui seront là dans 50 ans. Les optimistes ou les cyniques supposent que les jeunes vont patenter des solutions technologiques pour régler les problèmes créés par leurs géniteurs.Dans les deux cas, il s’agit d’attitudes que nous devons dénoncer : nous n’avons pas le droit de rester inactifs, nous pouvons et nous devons agir tout de suite pour freiner le dérèglement du climat. Nous devons exiger de nos élus qu’ils renoncent immédiatement à soutenir le développement et le transport des hydrocarbures fossiles et qu’ils mettent en œuvre leurs promesses de transition énergétique. Les pistes de solutions sont innombrables, et commencent par une remise en question de notre modèle de développement encore basé sur la pétroéconomie (voir le point de vue de l’économiste spécialiste de l’environnement William Rees, un des pères du concept d’empreinte écologiqueiii). Les citoyens élaborent des projets à petite échelle (voir le film Demainiv). Ils commencent aussi à s’organiser pour poursuivre en justice les gouvernements qui mènent leurs sociétés à la catastrophe (voir les écrits du climatologue James Hansenv).Comme le chante Gilles Vigneault : « Il n’y a plus de temps à perdre; il n’y a que du temps perdu… »Denise CampilloMembre du Regroupement Vigilance Hydrocarbures QuébecRoxton Falls

Denise Campillo

Artiste-peintre de renom établie à Roxton-Falls, en Montérégie, Denise Campillo contribue de multiples façons à la lutte aux changements climatiques, notamment par son engagement à titre d’adhérente au RVHQ.

Née en Algérie en 1949, Denise Campillo a grandi et étudié en France, puis a immigré au Canada en 1974. Elle vit depuis 1980 au Québec, où elle a pris racine.

Issue d’un milieu modeste mais valorisant l’étude, les sciences et les arts, sa famille l’a poussée vers l’université où elle a obtenu des diplômes en langue et littérature anglaises, en enseignement, en traduction. Elle a enseigné à divers niveaux et fait carrière en traduction scientifique.

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